Origine et histoire de l'Institut national des jeunes sourds
L'Institut national des jeunes sourds de Paris, également surnommé Institut Saint-Jacques, est un établissement français d'enseignement gratuit spécialisé dans l'éducation des jeunes sourds, fondé en 1791 et installé au 254, rue Saint-Jacques dans le 5e arrondissement depuis 1794 ; il compte parmi les plus anciens établissements scolaires pour sourds au monde. En 1772, douze ans après l'ouverture de la première école pour sourds à Édimbourg, le prêtre Charles-Michel de L'Épée ouvrit à Paris une école informelle au 14 de la rue des Moulins pour développer une méthode pédagogique distincte de celle de Jacob Rodrigue Pereire, mais il rencontra des difficultés de financement, l'archevêché de Paris refusant son aide en raison de sa réputation de janséniste. Le 21 novembre 1778, Louis XVI lui accorda une pension de 6 000 livres et plaça l'institution sous protection royale, lui assurant un soutien financier. Un arrêt du 25 mars 1785 érigea l'institution en établissement d'éducation et ordonna son transfert au couvent des Célestins, dont le patrimoine était revenu à l'État après la suppression du monastère en 1778. À la mort de l'abbé de L'Épée en 1789, l'abbé Sicard lui succéda. En juillet 1791, un décret proposa de créer l'Institution des sourds-muets de Paris pour poursuivre l'œuvre philanthropique de l'abbé de L'Épée ; la loi votée à la fin du mois honora ce bienfaiteur et réattribua à l'établissement les biens de l'ancien couvent afin qu'ils ne figurent pas parmi les biens nationaux destinés à la vente. Le 28 septembre 1791, l'école des aveugles de Valentin Haüy rejoignit l'école des sourds au couvent des Célestins, et le premier règlement de l'Institution des sourds-muets et des aveugles-nés fut publié le 17 février 1792. En février 1793 l'abbé Sicard demanda la séparation des deux écoles ; la Convention nationale autorisa en février 1794 le placement des sourds-muets dans l'ancien séminaire Saint-Magloire, à l'angle de la rue Saint-Jacques et de la rue des Deux-Églises (future rue de l'Abbé de l'Épée), où l'institut s'installa en avril 1794 et demeure aujourd'hui. Un décret de la Convention du 5 janvier 1795 assimila et régla l'institution de Bordeaux sur le modèle parisien. À la fin de l'année 1800, Jean Itard fut nommé médecin de l'institution, fonction qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1838. Les bâtiments furent reconstruits en 1823 par l'architecte Antoine-François Peyre. L'établissement a été dirigé par une succession de directeurs parmi lesquels l'abbé de L'Épée, l'abbé Sicard, Ernest Javal, Victor Collignon, François Xéridat, Robert Colin, et, plus récemment, Élodie Hemery et Paul Flad. De nombreux élèves et professeurs sourds y ont été formés ou ont enseigné, parmi eux Laurent Clerc, Jean Massieu, Ferdinand Berthier, René Princeteau et Bruno Braquehais. Parmi les directeurs, professeurs et médecins qui ont marqué l'institut figurent l'abbé de L'Épée, l'abbé Sicard, Jean Itard, Roch-Ambroise Auguste Bébian, Charles Cros et Pierre Michel Adam. L'institut a également servi de lieu de tournage : François Truffaut y a filmé L'Enfant sauvage (1970) et une place de l'institut porte son nom ; en 1977 il retourna à l'établissement pour choisir un jeune sourd, Patrick Maléon, pour son film La Chambre verte, où il joue aux côtés de Nathalie Baye. Le groupe sourd sud-coréen Big Ocean a choisi l'institut pour le clip de Flow, tourné le 12 novembre 2024. Des établissements apparentés sont l'Institut national des jeunes sourds de Bordeaux-Gradignan et l'Institut national des jeunes aveugles ; l'institut possède par ailleurs un site officiel et figure dans les portails consacrés à l'éducation, à la culture sourde et à la ville de Paris.