Origine et histoire
L'internat du lycée de jeunes filles, rue de Vauvert à Bourges, a été construit de 1950 à 1952 sous la direction de l'architecte Jacques Barge. Œuvrant dans le contexte difficile de l'après-guerre, Barge chercha à concilier une exécution soignée et des solutions économiques, en expérimentant des procédés de préfabrication industrielle dont il voulait faire un prototype pour l'architecture à venir. L'édifice met en œuvre des techniques nouvelles conçues spécialement pour ce projet : une trame régulière et une ossature simple de poutres en béton armé préfabriquées. Aux impératifs financiers se sont ajoutées les exigences du programme hygiéniste des constructions scolaires ; l'internat de Vauvert est le premier établissement réalisé selon les instructions du ministère de l'Éducation nationale du 28 janvier 1949. L'emploi économique de matériaux de qualité, la préfabrication et le respect de principes élémentaires de confort ont permis de concevoir une « nouvelle école » remarquable par ses solutions constructives et l'étude de son équipement. Le plan-masse adopte une composition en peigne fonctionnelle, qui offre les avantages de la vie en pavillon tout en facilitant la surveillance et l'économie d'exploitation. Pour optimiser les orientations, les services et les salles d'hygiène sont alignés sur la façade nord, tandis que six pavillons perpendiculaires, destinés aux salles d'études, aux salles à manger et aux dortoirs, sont orientés est-ouest. La longue façade monumentale donnant sur la rue de Vauvert révèle une rigueur géométrique et des références à l'Antiquité et à la Renaissance, jouant sur les verticales et les horizontales, les pleins et les vides, les reliefs et l'opposition entre des surfaces en appareil de pierre de taille et des parements simplement piquetés. Le maître d'œuvre a voulu inscrire cette réalisation pilote dans la tradition, ce qui se traduit aussi par un décor à vocation pédagogique confié aux professeurs de l'École des Arts Appliqués de Bourges. Les céramistes Jean et Jacqueline Lerat ont réalisé une série de médaillons en terre cuite évoquant des figures exemplaires de femmes françaises, une toile d'Henri Malvaux représentant de jeunes filles dans un verger visait à donner aux élèves le sentiment d'un séjour gai et vivifiant, et la sculpture en pierre « L'Éveil ou Jeune femme se coiffant » de Marcel Gili orne l'une des roseraies du parc. L'édifice, aujourd'hui partie du lycée Marguerite-de-Navarre, a été inscrit au titre des monuments historiques le 28 juin 2001. Le lycée, situé près du centre-ville de Bourges et le long du canal du Berry, porte son nom après qu'en 1964 le conseil d'administration de l'établissement eut choisi Marguerite-de-Navarre.
