Origine et histoire
Le jardin botanique alpin La Jaÿsinia est situé à Samoëns, principale commune de la vallée du Giffre en Haute-Savoie ; il relève du Muséum national d'histoire naturelle et figure parmi les jardins remarquables de France. Originaire d'une famille modeste de Samoëns, Marie‑Louise Jaÿ (ou Marie‑Louise Cognacq‑Jaÿ), qui épousa Ernest Cognacq en 1872 et fonda les magasins de la Samaritaine, utilisa sa fortune pour créer des œuvres caritatives, parmi lesquelles la Jaÿsinia. Consciente du développement touristique des Alpes, elle envisagea à partir de 1904 de doter son village natal d'un jardin botanique alpin et d'une villa destinée aux activités d'un médecin, puis fit appel au paysagiste Louis‑Jules Allemand, spécialiste des décors de rocaille. Le jardin fut aménagé sur un coteau calcaire ensoleillé, en pente entre 700 et 780 mètres d'altitude, exposé au sud‑ouest et s'étendant sur 3,5 hectares, à l'endroit même où la fondatrice venait autrefois faire paître ses chèvres. Les travaux d'aménagement, conduits par Allemand, durèrent deux ans entre 1905 et 1906 et mobilisèrent quelque 200 ouvriers français et italiens ; le jardin fut inauguré et offert à la ville en 1906. À droite de l'entrée se trouve une maison bourgeoise également donnée par la donatrice pour accueillir un médecin qui devait assister gratuitement les indigents et les femmes enceintes ; dépourvue aujourd'hui de cette fonction médicale, elle a été transformée dans les années 1990 en espace d'accueil et de muséographie consacré au jardin et au patrimoine culturel de Samoëns. En 1936, la direction scientifique de la Jaÿsinia fut confiée au Muséum national d'histoire naturelle, qui y créa un laboratoire botanique doté d'un herbier, le GRIFEM (Groupe de Recherche et d'Information sur la Faune dans les Ecosystème de Montagne), où s'effectuent de nombreuses recherches. Le site comprend également, au sommet du coteau, les ruines du château de Montanier ou de la Tornalta, démoli en 1476 lors du raid des Bernois, et une ancienne chapelle qui offre un panorama sur le village. Inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 17 octobre 2016, le jardin bénéficie par ailleurs du label « Patrimoine du XXe siècle ». Parcouru par un sentier en zigzag et arrosé par un ruisseau de montagne, le jardin offre des points de vue remarquables sur le bourg, la vallée du Giffre et les hauts sommets environnants ; ses aménagements associent cascades, mares, ruisseaux, lapiaz, rochers, hautes futaies, prairies et allées escarpées. La collection rassemble des représentants de la flore des cinq continents : environ 8 000 plantes réparties en 4 500 espèces et variétés, majoritairement des espèces de montagne ou de pays froids. Plusieurs dizaines de milliers de visiteurs s'y rendent chaque année pour découvrir ces paysages et ces collections botaniques.