Origine et histoire du Jardin d'en haut
Le jardin d'en haut, dit aussi parc d'Albertas, est un jardin privé à la française situé à Bouc-Bel-Air, dans les Bouches‑du‑Rhône. Ses premières aménagements remontent aux années 1630–1640, lorsque Henri de Séguiran achète des terres dans le vallon, canalise des sources et crée potagers, vergers et premières plantations. Le jardin combine des influences italiennes et l'esprit de la Renaissance avec des végétaux et des techniques adaptés au climat provençal, et sa composition du XVIIe siècle est restée quasiment intacte. L'inventaire de succession de 1680 décrit déjà l'essentiel des éléments qui subsistent encore aujourd'hui. Le site se structure autour d'un grand axe de perspective, de terrasses obtenues par d'importants terrassements et d'une ingénierie hydrologique souterraine comprenant canaux, citernes, conduites et drains destinés à l'arrosage et à la protection des terres. Parmi les éléments remarquables figurent le grand canal et ses treize mascarons, la grotte à l'italienne ornée de concrétions calcaires et de coquillages (dont les sept statues des planètes ont disparu), le grand bassin aux huit tritons et quatre statues monumentales représentant Hercule, David, le dieu Mars et le gladiateur Borghèse. La famille d'Albertas, originaire d'Italie et établie à Apt puis à Marseille, joue un rôle déterminant : le mariage avec les Séguiran en 1673 et les générations suivantes, notamment Henri‑Reynaud et Jean‑Baptiste d'Albertas, étendent et ordonnent le jardin vers l'ouest, jusqu'au portail Louis‑XV lié au déplacement de la route royale. Après un siècle de semi‑abandon, des actions de restauration sont engagées dès la seconde moitié du XXe siècle, avec des travaux menés entre 1947 et 1952 puis par Jean d'Albertas à partir de 1949, qui permettent de sauver l'architecture des jardins. À partir des années 1980 et 1990, l'ouverture au public, l'étude préalable conduite après le classement et des campagnes de restauration se fondent sur les plans anciens conservés dans les archives familiales, ce qui a guidé la remise en état fidèle des aménagements d'origine. Depuis 1993 ont été restaurés une grande partie des réseaux hydrauliques souterrains, des murs de soutènement, le bassin et ses tritons, les statues monumentales, la terrasse des parterres et ses alignements de buis, les grandes haies et l'allée d'accès ; la serre du XIXe siècle a été reconstruite en 2008 et le grand bassin octogonal de la terrasse des parterres recréé en marbre de Saint‑Pons. En 2015, le grand portail Louis‑XV et ses sauts de loup ont été restaurés, tout comme le grand canal et ses mascarons. Depuis octobre 2019, une nouvelle tranche de travaux vise à restituer l'environnement du bassin en lyre selon les dessins du XVIIe siècle et à régénérer les promenades supérieures, avec le soutien du Ministère de la Culture, des collectivités locales et de mécènes privés, complété par une campagne de financement participatif. Sélectionné par la Mission Bern en 2019 pour bénéficier du Loto du Patrimoine, le jardin a ainsi pu lancer une campagne de travaux ambitieuse qui prévoit notamment la restauration des abords de la grotte de fraîcheur, la recréation des bassins quadrilobés de la terrasse des parterres et la remise en état des espaces délaissés derrière la grotte. Le jardin accueille au printemps et en été de nombreux événements, dont les Journées des Plantes d'Albertas organisées depuis 1992 et rassemblant aujourd'hui plus de 180 pépiniéristes et artisans. Le jardin, ses portails, bassins, statues, vasques, système hydraulique ainsi que les façades et toitures de la maison du jardinier sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 5 juillet 1993, et il est inscrit comme jardin remarquable depuis 2007. Fidèle à son dessin et à ses fonctions d'origine, le parc d'Albertas demeure un exemple singulier de jardin provençal mêlant héritage italien, influences de la Renaissance et aménagements techniques propres aux XVIIe et XVIIIe siècles.