Origine et histoire du Jardin de Grassi
Le terrain contenant les vestiges archéologiques du Jardin de Grassi (675 m2) conserve les traces d'une domus romaine en cœur d'Aquæ Sextiæ, le nom latin d'Aix‑en‑Provence. Longtemps, la villa Grassi fut le vestige antique le plus connu de la ville jusqu'à la mise au jour du théâtre antique en 2004. Les premières fouilles menées entre 1939 et 1945 par Fernand Benoit, Robert Ambard et Jean Irigoin ont révélé une demeure luxueuse pourvue d'un jardin, de sols ornés de marbre de Carrare et de Chemtou, de porphyres et de mosaïques. Une part importante du mobilier et des objets découverts à cette époque a été récupérée par des habitants du quartier, et des opérations d'urbanisme ultérieures ont gravement altéré le site, ne laissant debout que le péristyle. Malgré la création d'un comité de sauvegarde, la construction d'un établissement scolaire a encore endommagé le bâti, réduisant les possibilités d'étude in situ. Les fouilles ont cependant permis d'établir le plan des vestiges et de recueillir du mobilier daté entre le Ier et le Ve siècle. Dans les années 1990, des travaux de restauration ont été conduits sur l'atrium et un trompe‑l'œil de Jean‑Marie Gassend a été réalisé, ce qui a facilité l'interprétation du site. Cette intervention a permis d'identifier cinq habitations réparties sur deux insulae et séparées par un cardo, témoignant de la trame urbaine romaine encore lisible à cet endroit. La villa Grassi illustre la fragilité de la conservation du patrimoine antique en milieu urbain et les pertes subies avant la mise en place de procédures de protection plus strictes. Les vestiges et le mobilier conservés offrent des informations sur l'occupation et l'architecture domestique d'Aquæ Sextiæ du Ier au Ve siècle, tout en rappelant les nombreuses transformations imposées par la ville moderne.
