Période
2e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Les parties suivantes de l’ensemble formé par le jardin des Cèdres, telles que délimitées sur le plan annexé à l’arrêté : le parc et les jardins botaniques avec les serres, les fabriques de jardin, la statuaire et les clôtures, à l’exclusion des autres bâtiments, la chapelle Saint-François-de-Sales, situées 57 avenue Albert Ier, 2 chemin du roy, 119 boulevard de Gaulle et 55 avenue Denis Semeria, sur les parcelles n° 1, 15, 16 et 48, figurant au cadastre section AC : inscription par arrêté du 2 février 2021
Origine et histoire
Dès le XVIIe siècle, le site est cultivé autour d'un ensemble bâti resté isolé au centre du Cap Ferrat jusqu'à la fin du XIXe siècle. Dans les années 1850, David-Désiré Pollonnais, maire de Villefranche-sur-Mer, acquiert progressivement un domaine essentiellement agricole et fait reconstruire sa villa par l'architecte Sébastien-Marcel Biasini. À la même époque, les premières essences exotiques sont implantées. En 1904, le roi des Belges Léopold II achète la villa et la rebaptise Les Cèdres; il remembre ensuite le domaine jusqu'en 1908, l'étendant vers le nord. Il fait appel à l'architecte Aaron Messiah pour remanier la villa et commande en 1905 à Elie Lainé la réalisation d'un vaste jardin paysager. Le chantier comprend notamment la démolition de la métairie pour la création d'un lac et la construction d'une écurie doublant le bâtiment initial, occupant toute la plaine. En 1906, après l'acquisition d'un petit domaine au nord, Léopold II confie à Jules Vacherot l'aménagement du secteur nord-est, avec jardin du bas, pavillon de thé, terrasses italiennes et gradins d'eau. Après la mort du roi en 1909, le domaine est laissé à l'abandon jusqu'en 1921 et n'est occupé pendant la Première Guerre mondiale que par un hôpital militaire belge. Durant sa brève présence en 1921, Ernest Cassel entreprend d'importants travaux sur la villa et dans le jardin, modifiant notamment l'accès à la propriété qui se fait désormais par le nord et traverse le domaine jusqu'à la villa. En 1924, Alexandre Marnier-Lapostolle acquiert la villa, remet en état les structures, introduit de la statuaire, implante de nouvelles essences exotiques et crée le jardin mexicain en 1925; il sélectionne également des bigaradiers pour la fabrication du Grand-Marnier. Julien Marnier-Lapostolle prend la gestion du domaine en 1928 et projette d'en faire un jardin botanique d'espèces exotiques couvrant toute la surface aménagée. À partir des années 1950, le jardin botanique se développe grâce à la construction d'un réseau scientifique et acquiert progressivement une renommée mondiale. Le climat favorable de la presqu'île permet l'acclimatation d'essences provenant du monde entier et favorise les relations avec de nombreux botanistes et explorateurs — Werner Rauh, Peter Bally, Raymond Montagnac, John Lavranos, entre autres — qui contribuent à enrichir les collections. Ce réseau s'étend ensuite à des institutions comme le jardin botanique de Kew et le jardin exotique de Monaco. La réputation des Cèdres repose à la fois sur son rôle de conservatoire d'espèces sauvages cultivées en plein air, dont certaines ne sont présentes qu'aux Cèdres, et sur ses collections abritées dans les serres. Plusieurs espèces ont ainsi été décrites grâce au jardin — 44 décrites aux Cèdres — et quatorze espèces portent le nom de Julien Marnier-Lapostolle ou celui des Cèdres. Les serres, développées principalement dans les années 1950 et 1960, jouent un rôle capital dans l'acclimatation, notamment des plantes succulentes qui constituent l'une des collections les plus importantes au monde. Après le décès de Julien Marnier-Lapostolle en 1976, son épouse Suzanne poursuit l'évolution du jardin; Guy Joulin réaménage la serre à aracées en 1988-1989 puis la grande serre tropicale entre 1993 et 1999. En 1998, le jardin abrite entre 14 000 et 16 000 espèces.