Origine et histoire
Le phare de l'île de Batz, anciennement dit phare de l'île de Bas, est un phare français de premier ordre établi sur le point haut ouest de l'île, sur la commune de l'Île-de-Batz (Finistère, Bretagne), et destiné à signaler les dangers aux navires de la Manche. Conçu selon le modèle élaboré par Augustin et Léonor Fresnel et dessiné par l'ingénieur Jean-Sébastien Goury, il reprend le type d'une tour ronde reposant sur un soubassement carré. Entièrement construit en pierres de taille de granite extraites d'une carrière ouverte sur l'île, il contient dans son soubassement le logement des gardiens et des salles de réserve autour d'un fût central. La tour, légèrement plus étroite au sommet, s'élève sur un noyau creux qui abrite le contrepoids de la lentille tournante ; un escalier à vis en fait le tour et conduit à un palier desservi par un escalier en fonte menant à la lanterne métallique, surmontée d'une terrasse et d'un garde-corps en fer. L'adjudication des travaux a eu lieu le 6 décembre 1833, l'entreprise Martin remporta le marché et le chantier débuta en 1834, retardé par des démolitions partielles liées à des malfaçons. Le phare a été mis en service le 10 octobre 1836 ; la tour mesure 40 mètres et le feu se situe à 68 mètres au-dessus des pleines mers d'équinoxe. Initialement son feu produisait un éclat toutes les minutes, visible jusqu'à 50 km ; le coût total de la construction est documenté à 116 136,49 francs-or. Le bâtiment repose sur le point culminant de l'île, Creac’h Glidic (23 mètres), où les rochers ont été abattus et taillés pour former l'assise. Au cours du service, seules la lanterne et l'appareillage optique ont été modifiés pour suivre les évolutions techniques, la structure n'ayant pas connu de transformations majeures. Dès le XIXe siècle la gestion des gardiens évolua : en 1845 leur statut fut clarifié et des mesures de surveillance furent instaurées, notamment des visites nocturnes par les conducteurs. Des inspections à la fin des années 1870 signalèrent d'abord des défauts de tenue puis des améliorations, la bonne gestion étant reconnue par l'ingénieur Fenoux en 1878. À l'intérieur de l'enceinte, les logements ont été agrandis en 1881 et deux pavillons ainsi qu'une salle des machines furent édifiés entre 1882 et 1884 dans le cadre d'un projet d'électrification alors abandonné. L'électrification a finalement eu lieu en 1937 lorsque l'île de Batz fut reliée au continent par un câble. Le feu principal actuel est blanc, à quatre éclats groupés toutes les 25 secondes ; l'optique tournante a une focale de 0,30 mètre et la lampe est de 70 watts, donnant une portée de 23 milles marins (42,5 km). En 1962 un feu fixe rouge auxiliaire a été installé sous le feu principal. Le phare a été automatisé en juillet 1995 et n'est plus gardienné depuis le départ à la retraite de son dernier gardien, Jean-Jacques Violant. Il est ouvert au public ; la visite permet d'accéder à un panorama après 198 marches (210 jusqu'à la lanterne) offrant la vue sur l'île, le chenal, les Sept-Îles à l'est, l'île Vierge à l'ouest, l'entrée de la baie de Morlaix et la silhouette des monts d'Arrée au sud. Huit salles du soubassement abritent une muséographie consacrée au vent. Après la saison de visites 2019, la lanterne installée en 1946-1947 a été démontée pendant quatre semaines et transportée à Brest pour révision ; les travaux ont été conduits par la DRAC et le Service des phares et balises, un feu provisoire assurant alors une portée de 13 milles. Le phare a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 31 décembre 2015 puis classé sur proposition de la Commission nationale des monuments historiques le 20 avril 2017.