Origine et histoire du Jardin public
Le Jardin public de Bayeux, situé rue de Port-en-Bessin au nord‑ouest de la ville, est un site naturel classé et inscrit à l'inventaire des monuments historiques. Le terrain avait été donné à la ville par Charlemagne Jean‑Delamare (1772‑1858) pour y créer un jardin destiné à l'enseignement horticole ; il accompagna son don d'une somme de 28 000 francs. Passionné de sciences naturelles, proche de Jean Vincent Félix Lamouroux et d'Arcisse de Caumont, il siégeait au conseil municipal et à la Société linnéenne de Normandie. En 1859 la ville fit appel aux frères Bühler pour concevoir le futur jardin botanique ; le site, ouvert au public en 1864, reflète les traits de leur savoir‑faire : allées spacieuses et en courbes douces, allée de ceinture, cadrage des vues, aménagements spécifiques aux carrefours et entrées larges accompagnées de fleurissements. Le jardin botanique initialement prévu ne fut toutefois jamais réalisé et Eugène Bühler aménagea la parcelle en jardin public sur 2,6 hectares. Le parc a peu changé depuis sa création ; le parc lui‑même, l'avenue d'accès sud et les deux pavillons d'entrée sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques. L'arbre le plus remarquable est un hêtre pleureur planté au XIXe siècle, classé monument naturel depuis 1932 et labellisé « arbre remarquable de France » en 2001 ; son essence exacte est indéterminée et il pourrait résulter d'un greffage entre un hêtre commun et un faux de Verzy. Les branches, incapables de soutenir leur propre poids, étaient retenues par une armature métallique couvrant plus de 1 250 mètres carrés ; cette armature, datant de 1938 et en voie d'effondrement, a été remplacée depuis 2001 par une structure originale réalisée par un arboriste de la région, décédé en 2013, qui suspend désormais les branches par des sangles à un filet métallique maintenu par quatre mâts, laissant ces branches libres de leurs mouvements. Le jardin abrite quelque 400 arbres, parmi lesquels des Sophora japonica, des séquoias géants et des Koelreuteria paniculata ; beaucoup datent de la création, d'autres ont été replantés à l'identique. Un buste en bronze de Charlemagne Jean‑Delamare, œuvre du sculpteur Pierre Hottin (1821‑1893), avait été érigé en 1880 ; fondu sous le régime de Vichy dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux, il a été remplacé par un buste en pierre installé par la suite.