Origine et histoire
Le kiosque à musique des Allées de la Liberté à Cannes a été construit en 1880 par Louis Hourlier et inauguré le 14 juillet de la même année avec une couverture en toile provisoire, l'entreprise de ferronnerie Blaison et Mathieu, de Charleville, adjudicataire de la toiture en fonte, n'ayant pas respecté les délais. Il se trouve sur les Allées de la Liberté, entre la rue Félix-Faure et la promenade de la Pantiero, face au Vieux-Port et à l'est de l'hôtel de ville, dans le quartier Centre-ville–Croisette de Cannes (Alpes-Maritimes, Provence-Alpes-Côte d'Azur). Plusieurs kiosques à musique ont précédé cet édifice à Cannes : un kiosque dodécagonal dans l'ancien square Brougham (aujourd'hui square Frédéric-Mistral), un kiosque octogonal en bois devant le Cercle nautique sur la Croisette, ainsi que des constructions successives sur l'esplanade des Alliés devant le Casino municipal, tous aujourd'hui disparus. Un projet d'aménagement de l'île Sainte-Marguerite, conçu par Louis Hourlier et prévoyant notamment une jetée reliant l'île à la pointe Croisette et un autre kiosque, fut abandonné face à l'opposition des habitants et des hivernants. Dès le 17 août 1875, le conseil municipal avait voté l'érection d'un second kiosque, situé dans l'alignement du nouvel hôtel de ville, qui aboutit à la construction actuelle sur les Allées de la Liberté. Architectoniquement, le kiosque comporte un podium en pierre de taille surmonté d'une toiture conique reposant sur une charpente métallique soutenue par des piliers en fonte inclinés vers l'extérieur ; la structure en fonte est l'œuvre de Blaison et Mathieu, de Charleville. Conçu au XIXe siècle, à une époque sans amplification électrique, il présente une acoustique pensée pour que le son monte vers la toiture en pavillon et soit renvoyé vers le public. Dès ses origines, le kiosque a accueilli de nombreuses sociétés musicales : pendant l'été 1901, par exemple, la Société philharmonique cannoise, la Société de trompettes l'Étendard cannois, la Société chorale l'Avenir et l'Estudiantina La Joyeuse s'y produisirent, et en 1902 les concerts de la musique municipale étaient répartis entre le kiosque des Allées de la Liberté et celui du square Brougham. Au début du XXe siècle, la vie musicale cannoise était très active, avec des formations telles que L'Avenir de Cannes, La Philharmonique, la Musique municipale, l'Estudiantina, L'Étendard cannois, Les Enfants de Provence et Les Fifres cannois. Du 30 mai au 1er juin 1925 se tint à Cannes un concours international de musique rassemblant près de quatre-vingts sociétés musicales ; la Garde républicaine, composée de quatre-vingt-cinq musiciens dirigés par Guillaume Balay, donna sur l'esplanade des Alliés une interprétation de La Gloire de Corneille de Camille Saint-Saëns réunissant 2 000 exécutants devant 15 000 personnes, et les sociétés lauréates donnèrent un grand concert sur le kiosque des Allées. Aujourd'hui, le kiosque est toujours utilisé, notamment lors de la Fête de la Musique par l'orchestre d'harmonie et les ensembles du conservatoire ; il a accueilli en 2014 la Casa'rmonie, orchestre d'harmonie de Cannes Sophia Antipolis lié au conservatoire de Valbonne, formation d'une quarantaine de musiciens dirigée par Fred Borri. Il a également servi de décor pour le marché de Noël 2018 avec le thème "Jardin des délices" et fut lieu de rassemblement le 21 mars 2021 pour le Printemps de nos libertés, manifestation du collectif Dehors citoyens parrainée par la chanteuse Ingrid Courrèges. Le kiosque a été recensé en 1983 par le service régional de l'inventaire général du patrimoine culturel dans l'étude du patrimoine balnéaire de Cannes et il est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 3 avril 1990. Il s'insère, avec l'hôtel de ville, le monument aux morts de la guerre 1914-1918, l'hôtel Splendid et le monument à Lord Brougham, dans l'ensemble nommé promenade des Allées.
