La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez à Sainte-Croix-en-Jarez dans la Loire

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chartreuse Eglise gothique

La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez

  • Le Bourg
  • 42800 Sainte-Croix-en-Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
La Chartreuse de Sainte-Croix en Jarez
Crédit photo : GO69 - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune ; propriété du département ; propriété d'un établissement public ; propriété d'une association ; propriété privée

Période

XVIIe siècle

Patrimoine classé

Peintures murales du XIVe siècle décorant la chapelle Saint-Thiébaud de Vasselieu dans l'église (cad. AH 17) : classement par arrêté du 10 mars 1902 - Intérieurs du presbytère (cad. AH 41) , du bâtiment à usage de mairie (cad. AH 76) , du bâtiment à usage d'école (cad. AH 49) , des bâtiments à usage d'habitation (cad. AH 43, 87, 98) ; bâtiments à usage d'habitation (cad. AH 53, 39, 44, 58, 61, 313, 75, 312, 78, 83, 88, 79, 90, 301, 92, 94, 40, 91, 337 à 340, 48, 328, 69, 82) ; bâtiments (cad. AH 38, 89, 54) : inscription par arrêté du 2 septembre 1988 - Eglise, y compris la sacristie (ancienne église) ainsi que le sol de l'ancien cimetière attenant (ancien petit cloître) (cad. AH 77) ; façades et toitures de l'école (cad. AH 49) ainsi que les jardins attenants (cad. AH 50, 51) ; façades et toitures de la mairie ainsi que le sol de la cour attenante (cad. AH 76) ; façades et toitures de l'ancien presbytère (cad. AH 41) ; ancienne salle des Archives située dans le bâtiment cadastré AH 48 ; sol de la grand'cour (voie communale 202) et sol de la cour du cloître (voie communale 203) ainsi que le sol du passage les reliant (cad. non cadastré) ; façades et toitures de l'actuel bâtiment d'accueil (cad. AH 97) ; ancienne cellule d'angle nord-ouest (cad. AH 343, 341, 327) ; bâtiment dit ancienne cuisine de la chartreuse (cad. AH 45) ; façades et toitures des bâtiments à usage d'habitation (cad. AH 43, 98, 87) : classement par arrêté du 10 mai 1995 - Bâtiment abritant l'ancienne cellule du prieur (avec son promenoir et son jardin) ; ancienne bibliothèque (cad. AH 47, 48) : classement par arrêté du 10 avril 1997 ; - La chartreuse en totalité ainsi que les aménagements et parcelles constitutifs de son désert, le tout situé au lieu-dit « Le Bourg » cadastré section AH ; le tout également situé entre les rivières Couzon et Boissieux, inscrits pour les façades et toitures et parcelles d'assiettes, y compris les voies communales n°202 et 203, les chemins ruraux pour les sections la traversant, les croix des deux places, leurs éléments maçonnés ainsi que tout décor ou élément archéologique qui pourrait être découvert au sein de la chartreuse et de son désert, en complément de tous les éléments déjà classés ou inscrits au titre des Monuments Historiques (cad. AH 9, 12 à 14, 16 à 22, 26 à 38, 42, 46, 50 à 52, 55 à 57, 59, 62, 65 à 68, 70 à 72, 80, 81, 84 à 86, 93, 95, 96, 99, 299, 300, 302, 306, 308 à 311, 321, 322, 327, 329 à 336, 341, 342) : inscription par arrêté du 7 novembre 2016

Origine et histoire de la Chartreuse

La chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, située dans la Loire, est un ancien monastère de moines chartreux fondé en 1281 par Béatrix de la Tour du Pin. Elle constitue l’essentiel du bourg actuel : chassés en 1792, les moines virent leurs bâtiments vendus comme biens nationaux, allotis et urbanisés, et une partie des vestiges est inscrite au titre des monuments historiques. Le nom latin Cartusia sancta crucis in Jaresie, figurant sur un tableau conservé au musée de la Correrie, atteste la dédicace du monastère à la Sainte Croix.

Le site, dans le nord‑ouest du massif du Pilat, n’a livré aucune construction antérieure à la fondation, mais la région est habitée depuis la Préhistoire et présente des vestiges gallo‑romains de faible importance ; la présence de pierres à cupules aux Roches de Marlin et l’existence de la chapelle romane de Jurieux, antérieure au monastère, témoignent d’une occupation humaine ancienne. L’axe de la vallée du Gier, à une dizaine de kilomètres, confère au lieu une proximité avec des routes stratégiques entre l’Auvergne et la vallée du Rhône.

Veuve de Guillaume de Roussillon, Béatrix de la Tour du Pin, issue d’une famille qui avait déjà fondé plusieurs chartreuses, initie la fondation pour honorer la mémoire de son mari et rapproche la communauté des chartreux. L’acte de fondation, dressé à Taluyers le 24 février 1281 en présence de représentants ecclésiastiques et seigneuriaux, place la maison sous la protection de la Sainte Croix et nomme Dom Ponce Sableri comme premier prieur. Les ressources et les droits fonciers nécessaires sont apportés par la famille des Roussillon, qui assure l’autonomie et l’extension progressive du domaine par dons et acquisitions jusqu’à la Révolution. À l’exception notable de la fondatrice, qui obtint et exerça le droit d’être inhumée au sein du monastère, la communauté monastique habita le site de 1283 pendant près de cinq siècles, avec un effectif maximal d’environ trente moines.

La Révolution entraîna la dispersion des chartreux après le décret de dissolution des congrégations du 18 août 1792 ; l’inventaire de 1790 signale notamment une bibliothèque d’environ 1 800 volumes. La majeure partie des biens fut vendue en 44 lots principalement rachetés par des familles d’artisans et d’agriculteurs locaux, et le lieu changea progressivement de vocation pour devenir un village. D’abord rattachée à Pavezin sous le nom de Sainte‑Croix‑en‑Pavezin, la localité prit le statut de commune et le nom de Sainte‑Croix‑en‑Jarez en 1888. La mairie occupe aujourd’hui l’ancienne cour des frères, une école installée dès 1839 dans la seconde cour accueille toujours une quarantaine d’élèves de la maternelle au CE1, et près d’une cinquantaine de personnes vivent dans l’ancien monastère ; la commune comptait moins de 500 habitants au recensement de 2019. Il s’agit du seul ancien monastère chartreux devenu une commune.

Sur le plan architectural, l’ensemble révèle un amalgame de périodes et s’organise classiquement en trois zones : la cour des frères, la cour des pères et la zone cénobitique regroupant église, réfectoire et salle capitulaire ; l’ancienne cuisine a été conservée. La façade d’aspect fortifié, longue d’environ 110 mètres et flanquée de tours, a été remaniée aux XVIe‑XVIIe siècles puis restaurée dans un style baroque au XVIIIe siècle ; le mur primitif, aveugle et percé de meurtrières, marquait la séparation entre temporel et spirituel et porte encore des motifs évoquant l’emblème chartreux et la devise « Le monde tourne, la croix demeure ». La cour des obédiences, ou cour des frères, accueillait les bâtiments d’exploitation et les ateliers assignés à des tâches précises, ainsi que les cellules d’environ quinze frères situées sur l’aile sud.

Le petit cloître actuellement visible date principalement du XVIIe siècle ; il abritait le cimetière des frères et a été restauré en 2007. La première église, de style gothique et construite au début du XIVe siècle, fut partiellement détruite par l’incendie de 1629 ; son chœur, conservé, renferme de remarquables peintures murales médiévales redécouvertes en 1896 et attribuées à la moitié du XIVe siècle, protégées au titre des monuments historiques et restaurées en 1987. L’église paroissiale occupe l’ancien réfectoire aménagé au milieu du XVIIIe siècle ; son chœur est de style baroque et les stalles du XVIe siècle, munies de miséricordes en chêne et noyer, proviennent d’un don du seigneur de Saint‑Chamond. De lourdes campagnes de restauration ont été menées dans les années 1980.

La cour des pères constitue la partie érémitique où s’alignaient cellules et ermitages, dont certains datent des XVIe et XVIIe siècles ; une croix centrale et divers éléments sculptés subsistent, tandis que le grand cloître primitif fut détruit en 1830. On y observe notamment un bas‑relief daté de 1666 représentant un père chartreux méditant sur la mort et deux armoiries du XVIe siècle attribuées à Gabriel de Fay‑Virieu et Marguerite Murat de l’Estang, seigneurs de Malleval et de Chavanay. L’un des ermitages a été reconstitué par l’Association de Sauvegarde et d’Animation de la chartreuse et est désormais visitable.

Parmi les personnalités liées au monastère figurent la fondatrice Béatrix de la Tour du Pin, l’archidiacre Thibaud de Vassalieu qui se retira au monastère en 1324 sans devenir chartreux et pour lequel les peintures murales du chœur sont dédiées, et Dom Polycarpe de la Rivière, prieur de 1618 à 1627 et auteur d’ouvrages spirituels. Une succession de prieurs est connue de 1280 à 1792 et a été rassemblée notamment par Antoine Vachez.

Située au cœur du Parc naturel régional du Pilat, la chartreuse attire les amateurs de tourisme vert et de randonnée et bénéficie des labels « Les Plus Beaux Villages de France » et « Village de Caractère » de la Loire. Accessible par la route départementale 30 reliant Pavezin, elle se trouve à proximité des autoroutes A7 et A47 et de la gare TER de Rive‑de‑Gier. L’Association de Sauvegarde et l’office de tourisme de Saint‑Étienne Métropole assurent la mise en valeur du site, proposent des visites guidées et animent une programmation culturelle estivale comprenant visites nocturnes, balades contées, concerts et festivals. De nombreuses photographies et prises de vue documentent l’entrée principale, les cours, le cloître, l’église médiévale et paroissiale, les cellules reconstituées, les façades et la vue aérienne du monastère, ainsi que le pont dit de « Planche‑à‑Cul ». Enfin, le site a été utilisé comme décor pour des scènes de la série télévisée Les rivières pourpres et a fait l’objet d’un reportage diffusé sur Arte en 2015.

Liens externes