Période
4e quart XIXe siècle, 1ère moitié XXe siècle, 3e quart XXe siècle
Patrimoine classé
Puits Vuillemin 2 : le chevalement, la recette, le bâtiment de la machine d'extraction en totalité, y compris les machines immeubles par destination. Puits Wendel 3 : le chevalement, la recette, le bâtiment de la machine d'extraction, le lavoir, le décanteur, le bâtiment des ateliers et le poste de transformation, pour les extérieurs, incluant les machines immeubles par destination. Puits Wendel 1 et 2 : le lavoir et le décanteur, pour les extérieurs (cad. 17 714/69, 959/69, 708, 709, 725, 960/31) : inscription par arrêté du 11 décembre 1998
Origine et histoire du Musée du carreau Wendel
Le carreau minier Vuillemin-Wendel regroupe plusieurs ensembles voisins étudiés : Vuillemin II, Wendel III et les carreaux Wendel I et II. Le puits à remblais de Vuillemin II, mis en service en 1889, possède un châssis à molettes posé en 1885, l’un des premiers du bassin houiller lorrain ; le bâtiment de la recette date de la même époque. En 1956, une machine d’extraction électrique CEM a remplacé l’équipement antérieur de 1903. Dans le cadre du plan Monnet, le complexe Wendel-Vuillemin a été modernisé pour accroître fortement la production : le fonçage de Wendel III, commencé en 1939, s’achève en 1952 et son lavoir est mis en service dans les années 1950, après des travaux confiés aux bureaux d’ingénierie de Gute Hoffnungshütte. Le chevalement Heckel/Seibert de 1952 et la recette à double extraction témoignent de ces transformations techniques. Le lavoir de Wendel III permettait l’ensemble des opérations de préparation du charbon — tri, criblage, concassage, séparation, classement, stockage et mélange — pour une capacité de l’ordre de 5 000 tonnes par jour ; il comprenait également des ateliers de préparation et divers dispositifs de séparation des charbons et des stériles. Cet ensemble de traitement, qui illustre les méthodes de la seconde moitié du XXe siècle, est présenté comme l’unique équipement de ce type conservé en Europe. Le bloc énergie du siège Wendel, qui alimentait aussi les cités minières voisines, illustre l’importance de l’entreprise dans l’organisation du territoire. Le lavoir 1‑2, pour sa part, résume l’histoire du site et illustre les évolutions techniques entre 1891 et 1970 : il date pour l’essentiel de 1929, a reçu un volume bâti en 1961 et un décanteur cylindrique sur piliers en 1966.
Le musée du carreau Wendel « La Mine » occupe les deux sites voisins de Wendel et Vuillemin à Petite‑Rosselle (Moselle). Avant la nationalisation de 1946, ces fosses appartenaient à la Compagnie des houillères de Petite‑Rosselle ; bien qu’implantées à proximité, elles exploitaient des gisements distincts séparés par une faille. Le site est considéré comme le plus complet conservé en France et l’un des trois points d’ancrage français de la Route européenne du patrimoine industriel.
L’histoire du gisement remonte à des prospections menées dès 1856 et à une exploitation française commencée la même année. La concession fut tenue par Charles de Wendel et James Georges Tom Hainguerlot, la famille de Wendel dirigeant alors un grand ensemble sidérurgique. Avant la nationalisation, plusieurs puits furent ouverts et modernisés : citons les sondages et puits de l’Urselsbrunn, le fonçage des puits Wendel I et II et des puits Vuillemin, ainsi que l’incendie majeur survenu dans la veine Henri en 1876, qui nécessita des condamnations prolongées. La découverte, en 1935, d’un gisement de charbon gras en grande profondeur a conduit au creusement de Wendel III.
Après la nationalisation de 1946, les travaux reprennent et s’intensifient : Wendel III est approfondi jusqu’à 900 mètres et entre en service au début des années 1950 ; les puits Vuillemin I et Wendel I sont ravalés et équipés entre 1950 et 1955 de nouveaux chevalements métalliques et de machines d’extraction électriques. Le Wendel III est doté d’un équipement de remontée par molettes et poulies Koepe avec skips et cages adaptés, et un lavoir moderne avec flottation est installé sur le site peu après sa mise en service. Dans les années 1960, le siège Wendel pouvait extraire jusqu’à 10 000 tonnes par jour avec un effectif d’environ 5 000 mineurs. L’extraction cesse progressivement : Vuillemin I et II en 1962, puis Wendel I, II et III en 1989 ; le siège assure encore des services jusqu’à la fermeture définitive le 31 mai 1991. Le chevalement du puits I est démantelé en novembre 1990, celui du puits II, plus ancien, est préservé et classé aux monuments historiques en 1998 ; le puits Wendel III est fermé en 2001.
La reconversion du site aboutit à la création d’un musée. Le Centre de Culture Scientifique, Technique et Industrielle (CCSTI) du bassin houiller lorrain, créé en 1985, reçoit le carreau Vuillemin‑Wendel en 1988 et lance la création du musée en 1991. Les rénovations se succèdent depuis 1993 pour permettre les visites, le musée ouvrant au public au milieu des années 2000 et proposant notamment une immersion dans les galeries et la restitution du passage emprunté par les mineurs. Le musée, labellisé Musée de France et intégré au réseau des Grands Sites de Moselle, présente les installations principales du carreau : la structure moderne d’exposition, le puits Vuillemin II, le puits Wendel III et son lavoir. Il a également accueilli des manifestations culturelles et des expositions thématiques, comme l’exposition de 2014 consacrée aux jardins des mineurs, accompagnée d’une reconstitution de jardin de mineur sur le parc. Le site attire un public transfrontalier et participe à la valorisation du patrimoine industriel minier.