Origine et histoire
La lanterne des morts de Cellefrouin, située dans le cimetière en haut du bourg de Cellefrouin (Charente), est une tour surmontée d'un pavillon ajouré où l'on hissait au crépuscule un fanal. L'édifice, de style roman, repose sur un soubassement de cinq gradins et son élévation au‑dessus de ces gradins dépasse douze mètres. Un piédestal composé de quatre assises supporte un faisceau de huit colonnes accolées — quatre plus fortes et quatre plus fines — qui laissent au centre un conduit creux accessible par une ouverture carrée dans l'une des colonnes. Les bases des colonnes présentent des griffes, caractéristique qui permet de dater l'ouvrage de la fin du XIIe siècle. Les colonnes sont coiffées de huit assises en retrait formant des chapiteaux sans sculpture, couronnés par un clocheton conique surmonté d'une boule qui porte une croix. Le cône est recouvert de petites pierres calcaires triangulaires appelées platins. À la base du cône, quatre petites fenêtres rectangulaires, placées en regard des quatre grosses colonnes, laissaient rayonner la lumière du fanal; une cinquième ouverture, plus petite, percée au milieu du cône, permettait l'évacuation de la fumée. Le fanal était hissé dans une niche située à trois mètres de hauteur dans l'une des colonnes; au XIXe siècle on y trouvait encore un crochet en fer destiné à retenir la corde servant à monter et descendre le fanal. Le site avait auparavant des tombes mérovingiennes et le cimetière avait été déplacé avant d'être rétabli plusieurs siècles après la construction de la lanterne. L'orientation des quatre ouvertures, cadrant chacune l'une des vallées du Son, de la Sonnette, de la Bonnieure et de la Tardoire, laisse supposer un rôle de repère pour les personnes égarées afin de retrouver l'abbaye Saint‑Pierre de Cellefrouin, tandis que la tradition attribue aux lanternes des morts un rôle religieux attestant de l'immortalité de l'âme et appelant à la prière pour les défunts. Le piédestal a été constitué ou reconstitué en 1828 à partir de pierres tombales récupérées; selon une délibération du conseil municipal, ces travaux ont coûté 10 F de matériaux et 50 F de main‑d'œuvre. La lanterne des morts a été classée au titre des monuments historiques le 12 juillet 1886. Lors de sa séance du 14 novembre 1894, la Société Archéologique et Historique de la Charente a voté une somme de 100 francs pour sa restauration.