Origine et histoire de la Lanterne des morts
La lanterne des morts de Cormery se dresse dans le cimetière communal de Cormery, en Indre‑et‑Loire, à proximité de l'église paroissiale Notre‑Dame‑de‑Fougeray. Installée sur la partie la plus haute du cimetière, près de sa limite sud‑est actuelle, elle occupe un emplacement qui a longtemps été un lieu de sépultures et qui, au Moyen Âge, devait constituer le centre de l'espace funéraire. Entièrement construite en pierre de taille de calcaire lacustre comparable à celle employée pour une partie de l'église, l'architecture se compose d'une succession de gradins circulaires surmontés d'une colonne subcylindrique pleine. La colonne mesure environ dix mètres de haut et près d'un mètre de diamètre à sa base. Son couronnement a disparu ; il semble qu'il ait été constitué d'un ensemble de petites colonnettes surmontées d'un chapeau conique. À la base de la colonne subsiste un autel en pierre formé de deux piédroits ornés chacun de deux colonnettes accouplées et d'une grande dalle moulurée servant de table, la dalle étant gravée d'une croix de Malte, peut‑être remployée d'une pierre tombale. Cet aménagement pouvait servir d'autel ou de pierre d'attente destinée à soutenir un cercueil pendant la cérémonie précédant l'inhumation. Le monument, unique en Indre‑et‑Loire, est classé au titre des monuments historiques depuis 1920. Couramment qualifié de « lanterne des morts » et daté, comme l'église, du XIIe siècle, il présente toutefois des caractéristiques qui remettent en question cette appellation. La colonne pleine et de faible diamètre, ainsi que la hauteur des gradins, rendent improbable la pratique consistant à hisser un fanal par l'intérieur, fréquente pour les lanternes des morts. Ces éléments orientent plutôt vers l'hypothèse d'une croix hosannière dont le sommet mutilé aurait perdu ses attributs distinctifs : une croix en pierre ou en fer forgé, terminée par un crochet pour suspendre des couronnes votives. Des documents du XVIIIe siècle et une photographie montrant la colonne utilisée comme croix hosannière au début du XXe siècle renforcent cette interprétation. Comme l'église et la chapelle Saint‑Blaise de Truyes, le monument semble avoir été intégré au parcours des processions monastiques.