Origine et histoire du Printemps Haussmann
Le Printemps Haussmann est un grand magasin situé dans le 9e arrondissement de Paris, détenu par le Groupe Printemps; il distribue les principales marques de mode, de beauté et de décoration réparties par thèmes dans trois bâtiments totalisant 27 niveaux et 45 500 m2. Les façades et toitures, sauf une surélévation moderne, des anciens magasins (actuel Printemps de l'Homme) sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975. La société Au Printemps a été créée par acte notarié le 11 mai 1865 par Jules Jaluzot et Jean‑Alfred Duclos, et son premier slogan proclamait « Au Printemps, tout y est nouveau, frais et joli, comme le titre : Au Printemps ». Le premier magasin fut édifié à l'angle du boulevard Haussmann et de la rue du Havre sur un terrain acquis par Augustine Figeac et construit en février 1865 par l'architecte Jules Sédille et son fils Paul. Inauguré le 3 novembre 1865 et béni par le curé de Saint‑Louis d'Antin, il occupait le rez‑de‑chaussée, l'entresol et le sous‑sol, qui servait de réserve et d'écurie pour les livraisons. Doté de grandes vitrines et de vastes galeries, le magasin comptait dix‑sept comptoirs et proposait un assortiment complet pour l'habillement et la maison. Le Printemps remporta rapidement des succès commerciaux, comme la soie Marie‑Blanche, et innova en 1866 en instituant un système annuel de soldes. La guerre franco‑prussienne de 1870 ralentit les activités lorsque la plupart des employés rejoignirent la Garde nationale, mais les stocks permirent une reprise en 1871. À partir de 1874 le magasin se développa en hauteur et en surface, loua de nouveaux étages, s'étendit sur des maisons de la rue de Provence reliées par des ponts de fer et installa deux ascenseurs conçus par Léon Edoux, attractions alors inédites. Le Printemps acquit progressivement les immeubles voisins et disposait en 1881 d'une quatrième façade sur la rue de Caumartin. Un incendie survenu le 9 mars 1881, déclenché par un bec de gaz, détruisit le bâtiment initial et provoqua son effondrement; seules les constructions récentes rue de Caumartin furent épargnées. La reconstruction menée par Paul Sédille, achevée en 1883, introduisit l'électricité, des fondations à air comprimé et un édifice néo‑classique moderne organisé autour d'une nef centrale haute de 24 mètres surplombée d'une vaste verrière. L'édifice reposait sur une armature en fer habillée de placages de pierre, offrait 10 000 m2 de surface de vente sur les trois premiers des huit étages et comportait quatre rotondes d'angle surmontées de lanternons et d'une girouette en forme de caducée. Sédille fit intervenir des artistes pour les sculptures et décors — Carrier‑Belleuse, Facchina pour des mosaïques en verre doré et Henri Chapu pour les allégories des saisons — et multiplia motifs décoratifs et ferronnerie, faisant du magasin un prototype du grand magasin moderne. Lors de l'inauguration du nouvel immeuble le 5 mars 1883, les innovations techniques et l'éclairage électrique (lampes Jablochkoff, à arc et à incandescence) furent mises en avant. Au XXe siècle, après le départ de Jaluzot en 1905, Gustave Laguionie prit la direction et mena d'importantes modernisations et extensions, dont l'installation d'un grand escalier central conçu par René Binet et l'ouverture d'ateliers et de nouveaux emplacements. De 1907 à 1910 furent construits les Nouveaux Magasins à l'angle des rues Caumartin et de Provence; reliés au magasin ancien par le sous‑sol, ils offrent un hall octogonal, une ferronnerie art nouveau et des ascenseurs panoramiques. Le Printemps développa des activités artistiques et commerciales, créa l'atelier Primavera pour le mobilier en 1912, utilisa des mannequins dans ses vitrines pendant la Première Guerre mondiale et multiplia les expositions à partir des années 1920. Le 28 septembre 1921 un incendie causé par un court‑circuit dans une cage d'ascenseur détruisit une grande partie des Nouveaux Magasins; Georges Wybo dirigea la reconstruction en intégrant des systèmes de sécurité modernes, notamment un réseau d'extinction automatique. La desserte se renforça avec les lignes de métro 3 et 9 et la station Havre‑Caumartin; en 1923 le maître verrier Brière reposa les coupoles en vitraux. Le Printemps développa ses vitrines animées et ses événements — la saison du blanc, les vitrines de Noël et, en 1924, l'installation des premiers escaliers mécaniques — qui firent venir de nombreux visiteurs. Pendant l'Occupation, la surface exploitée diminua d'un tiers; certains employés aidèrent la Résistance tandis que d'autres furent signalés pour collaboration, et la coupole fut démontée en 1940 et entreposée à Clichy. Dans la seconde moitié du XXe siècle le magasin poursuivit son activité culturelle et commerciale, exposa « Cinquante ans d'élégance parisienne » en 1953, travailla avec des créateurs comme Pierre Cardin et restaura la coupole en 1972. Les façades et rotondes de Paul Sédille furent inscrites aux monuments historiques en 1975; par la suite le Printemps créa la Rue de la mode, connut un attentat en 1985 faisant 43 blessés et multiplia les collaborations avec des créateurs jusqu'à la fin du siècle. Depuis 2000 l'enseigne a ouvert des espaces spécialisés (Citadium, Printemps du Luxe en 2001, grand espace beauté en 2003, un étage chaussures femmes de 3 000 m2 et un food hall en 2006). Après un diagnostic en 2005 révélant corrosion et dégradations, un chantier de rénovation de 30 millions d'euros fut mené entre 2007 et 2012 sur 14 000 m2 de façades des deux immeubles du boulevard Haussmann, révélant des mosaïques d'origine. Le 16 décembre 2008 le magasin fut évacué après une alerte à la bombe; les démineurs trouvèrent cinq bâtons de dynamite et le Front révolutionnaire afghan revendiqua l'action. Au XXIe siècle sont apparus l'espace La Belle Parfumerie en 2011 et le Printemps du Goût en 2018, installé aux 7e‑9e étages du Printemps de l'Homme avec une vue panoramique, et la surface du magasin dépasse aujourd'hui 45 000 m2. La pandémie de Covid‑19 en 2020 provoqua des fermetures prolongées et la perte de clientèle étrangère; la stratégie s'est recentrée sur la clientèle française, avec le réaménagement du 7e étage en septembre 2021 pour des vêtements responsables et de seconde main, ce qui a contribué à une hausse de 16 % du chiffre d'affaires lié aux Français au premier semestre 2021 par rapport à 2019. Le Printemps est desservi par les stations de métro Chaussée d'Antin‑La Fayette et Havre‑Caumartin, ainsi que par les gares RER A (Auber) et RER E (Haussmann‑Saint‑Lazare); parmi les chiffres clés figurent 45 500 m2 répartis en 3 bâtiments et 27 étages, plus d'un million d'articles, environ 40 000 visiteurs par jour (jusqu'à 100 000 durant la période de Noël) et 7,5 millions de visiteurs par an dont 20 % de visiteurs étrangers.