Origine et histoire du Logis Barrault
Le Logis Barrault est le plus ancien hôtel particulier d'Angers, situé Place Saint-Éloi sur un site antique et médiéval ; il abrite le Musée des Beaux-Arts. Il a été édifié entre 1486 et 1493 par Olivier Barrault, secrétaire du roi, trésorier de Bretagne, vicomte de Mortain et maire d'Angers à trois reprises. Dès son origine la demeure a accueilli de grands personnages : Louis XII et Anne de Bretagne, César Borgia en 1498, Marie Stuart et Marie de Médicis, qui en devint propriétaire. En 1598, Henri IV y prépara l’« édit de pacification » aujourd’hui connu sous le nom d’édit de Nantes. Acquis en 1673 par le Grand séminaire, le Logis Barrault fit l’objet d’importants remaniements dirigés par l’architecte Jean Lecomte. L’aile du réfectoire le long du jardin fut entreprise en 1697 à l’emplacement du Petit-Barrault, tandis que le corps principal fut entièrement surélevé de deux étages. Côté rue, un corps de coursives fut adossé au corps de galerie ; côté cour furent construits une chapelle et une bibliothèque, aménagée au-dessus en 1711, en prolongement de l’aile droite dite logis A. Ces travaux firent disparaître une petite tour d’escalier symétrique de la grande vis, une partie des communs et une loggia sur jardin de l’aile gauche (logis B), ainsi qu’un corps de garderobes à l’emplacement de l’actuel escalier du XIXe siècle du musée. Un nouvel escalier, adossé à la galerie, desservit directement les parties nord de l’édifice, au détriment d’une petite vis dérobée sur le pignon nord‑est. Le porche construit à l’extrémité de la galerie date de la même campagne et la galerie perdit alors sa chapelle originelle, repliée en retour sur la cour. En 1706 une galerie de liaison fut établie au‑dessus de la rue du Musée pour relier le logis au Petit séminaire, puis vers 1708 le jardin dit clos de Saint‑Thomas (l’actuel jardin des Beaux‑Arts) fut acquis. L’aile de la cuisine, dernière grande construction du Grand séminaire, fut élevée vers 1731 et la cour de communs, réaménagée lors de la construction de la chapelle, fut à nouveau recomposée au milieu du XVIIIe siècle, recevant une décoration intérieure confiée au peintre italien Baroni, aujourd’hui disparue. Dès 1801 le Logis Barrault accueille un muséum et, en 1805, la grande aile du réfectoire reçoit la bibliothèque publique ; ces nouveaux usages entraînèrent des transformations sous la conduite des architectes Roger puis Demarie, qui touchèrent à des éléments sculptés du XVe siècle. Une réorganisation muséographique menée dans la première moitié des années 1850 par les architectes Émile Boutroué et Ernest Dainville transforma fortement l’aile droite destinée aux peintures et sculptures : surélévations, modifications des niveaux supérieurs et construction d’un grand escalier en saillie sur la face postérieure y furent réalisées, entraînant la disparition de l’essentiel des dispositions intérieures du séminaire. Vers 1859 fut bâtie une aile côté rue pour le logement du conservateur, puis la galerie au fond du jardin fut édifiée en 1885 par l’architecte de la ville Charles Demoget. Après le classement des parties du XVe siècle, les parties hautes de la tour d’escalier furent restaurées en 1906‑1907 par l’architecte des Monuments historiques Lucien Magne ; les communs furent détruits par un bombardement en 1944. En 1976 l’architecte des Monuments historiques Pierre Prunet intervint sur des ouvertures gothiques de l’aile gauche, puis une campagne de sondages en 1988 servit de base à une restauration générale entreprise entre 1999 et 2004 par Gábor Mester de Parajd. Cette restauration s’est déroulée conjointement à la rénovation du musée menée par Antoine Stinco, qui a coordonné la création de nouveaux accès, la construction d’une vaste salle d’exposition sous le jardin et l’édification d’un bâtiment de réserves dans la cour d’entrée du Logis Barrault. Le chantier a en outre permis une étude de bâti approfondie réalisée par le service de l’inventaire général. Le bâtiment du XVe siècle bénéficie d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 29 janvier 1902 ; les façades sur la rue du Musée, la construction à pans de bois en porte‑à‑faux et l’arcade reliant le logis à l’ancienne chapelle du séminaire font l’objet d’une inscription depuis le 12 avril 1951. Parmi les éléments remarquables figure l’escalier à vis de la Renaissance, voûté en palmier et stylistiquement proche de ceux du château de Baugé, de l’hôtel de ville de Saumur et du château de Montsoreau.