Origine et histoire du Logis de Forge
Le logis de Forge est situé à Mouthiers-sur-Boëme (Charente), à une dizaine de kilomètres au sud d'Angoulême. Ancien logis seigneurial, il date des XVe et XVIe siècles et présente notamment des baies à meneaux et une tour ronde avec escalier à vis sur la façade est. Deux tours rectangulaires ornent la façade arrière ; leurs lucarnes de style Renaissance sont sculptées d'une coquille Saint-Jacques, d'une tour, d'un singe, d'un aigle et d'un éléphant. Établi près d'un coude de la Boëme et d'une résurgence débitant 300 l/s, le logis exploitait et protégeait cette source qui alimente un étang. Le site, qui relevait du fief de la Rochandry, est mentionné dès le XIIIe siècle et des seigneurs de Forge apparaissent ensuite dans les documents médiévaux. Jusqu'au XVIIIe siècle, il fonctionna alternativement comme moulin à fer, moulin à blé et moulin à huile de noix, d'où provient en partie le nom de Forge. En 1711 la métairie de Forge appartenait à François Gaston Houlier, seigneur de Plassac. Bernard Sazerac, faïencier issu d'une famille de maîtres de forges et de négociants, acheta le domaine en 1781 pour y installer un moulin à papier, utilisant la force hydraulique de la source et de la chute de l'étang. Aux XVIIIe et XIXe siècles, des bâtiments furent ajoutés pour le séchage du papier et le logement des ouvriers, et le logis fut étendu en papeterie au XIXe siècle. La famille Sazerac, qui prit plus tard l'usage du nom Sazerac de Forge, habita le logis ; la dernière représentante, Geneviève, décéda en 1969 et le domaine passa par héritage à la famille de Beaucé. Des travaux de restauration furent entrepris dès les années 1930 par Geneviève Sazerac, poursuivis en 1970 par les propriétaires, et le site fut classé en 1943. Le logis, ses façades et ses toitures ont été inscrits au titre des monuments historiques le 10 juin 2005. Privé, il n'est pas ouvert à la visite intérieure, mais ses jardins remis en valeur sont accessibles en été et portent le label Jardin remarquable. Implanté sur un rocher plat dominant la Boëme et l'étang, le logis était défendu par des fossés en eau et une double enceinte ; son architecture évoque des éléments communs avec le château de la Foy, comme des caves voûtées, des tourelles d'angle carrées et une terrasse dominant le vallon. Une ancienne tour centrale ronde, côté cour, a été transformée en habitation et conserve un escalier à vis ; les deux tours carrées de la façade ont des toits pyramidaux. À l'intérieur, on remarque un sol d'entrée en petits galets, une cheminée monumentale du XVe siècle, une salle voûtée communicant avec la cave d'où partent des souterrains, ainsi que des cheminées d'étage du XVIIIe siècle. Le salon comporte une draperie peinte par un artiste inconnu durant la période révolutionnaire qui met ses hôtes en valeur. Le lieu a servi de décor pour le tournage du film Pontcarral en 1941. Le nom du site apparaît aussi sous les graphies « la Forge » ou « Forges » dans certains écrits et sur la carte d'État-Major.
