Origine et histoire du Logis de Moullins
Le logis de Moullins est une demeure seigneuriale située à Saint-Rémy-du-Val, dans le département de la Sarthe, construite entre le XIIe et le XVIe siècle. Les premières mentions connues remontent à 995, avec l'arrivée d'une communauté de onze moines et d'un prieur envoyés par l'abbé Gauzbert de l'abbaye Saint-Pierre de la Couture. Le développement du prieuré a conduit à la construction d'une grande salle d'apparat à nef et bas-côtés, datée des années 1300-1340. Lors de la guerre de Cent Ans, l'armée d'invasion d'Henri V ou les bandes qui l'accompagnaient ont mis fin à ce développement en octobre 1417 en pillant et en incendiant l'ensemble des bâtiments. À la fin du XVe siècle, de nouveaux édifices ont été élevés, notamment un logis seigneurial et la chapelle Sainte-Catherine. La Révolution a entraîné le morcellement du domaine; les bâtiments ont changé d'affectation et ont été dégradés. Ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que des travaux de restauration de qualité ont été entrepris par les nouveaux propriétaires. Le logis de Moullins a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1926, et en 2020 la protection a été étendue à l'ensemble des bâtiments du prieuré, comprenant le logis, la chapelle, l'ancienne grande salle seigneuriale, les communs avec leurs peintures murales, le mur de clôture, les deux puits et les vestiges du pigeonnier.
La grande salle médiévale, de plan presque carré, mesurait 19 mètres de côté au sol et 14 mètres sous toiture. Le côté dit « noble » était percé de cinq baies : quatre baies à meneau et croisée surmontées d'une splendide baie à remplage de style gothique rayonnant, tandis que le côté des services comportait trois portes et une baie à remplage. Après l'incendie de 1417, ces baies avaient été bouchées; de récentes restaurations ont restitué à ce bâtiment l'essentiel de sa grandeur.
Le logis, bâti au début du XVIe siècle, présente des éléments décoratifs caractéristiques du gothique flamboyant, tels que des fleurons au-dessus des lucarnes et de la porte, ainsi que des chimères au bas des rampants de toiture. Édifié à l'époque des guerres de religion, il est doté de nombreux dispositifs de défense, notamment des meurtrières, des trous de couleuvrine et une bretèche, et ses baies sont protégées par de solides grilles métalliques.
La chapelle Sainte-Catherine a été datée par dendrochronologie de 1514 et a été agrandie en 1544. Elle présente au chevet trois baies et une autre baie au nord, et ses voûtes sont soutenues par des contreforts; la toiture conserve une charpente d'origine ayant permis l'étude dendrochronologique. Un retable, œuvre de Guillaume Regnault, y a été installé vers 1527. Pendant la Révolution la chapelle a subi des destructions : les baies ont été bouchées, les voûtes abattues, les contreforts démontés et le retable détruit. Lors des travaux de restauration, la déconstruction de murs plus récents a permis la découverte de pierres de réemploi, parmi lesquelles des clés de voûte et d'importants morceaux du retable, éléments jugés suffisants pour envisager sa reconstitution.
En 2013, le logis de Moullins a été finaliste du grand trophée de la plus belle restauration organisé par Propriétés de France, Le Figaro Magazine et la Fondation pour les monuments historiques, et la même année le domaine a reçu le prix Gilles Etrillard et ses enfants pour la restauration de la chapelle.