Logis Laspois à Saint-Martin-du-Fouilloux dans les Deux-Sèvres

Patrimoine classé Demeure seigneuriale Logis

Logis Laspois à Saint-Martin-du-Fouilloux

  • D59
  • 79420 Saint-Martin-du-Fouilloux
Propriété privée

Période

XVIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Portail ; façades et toitures du corps de logis ; escalier ; pièce comportant des lambris du XVIIIe siècle au rez-de-chaussée : salle à manger (cad. A 218) : inscription par arrêté du 16 décembre 1987

Origine et histoire du Logis Laspois

Le Logis Laspois, manoir seigneurial situé à Saint-Martin-du-Fouilloux (Deux-Sèvres), s'ouvre sur un portail comportant une porte cochère et une porte piétonnière, puis sur une cour close par des bâtiments. La façade principale présente quatre travées surmontées de lucarnes ; l'élévation postérieure se compose de deux ailes en retour d'équerre, réunies par une tourelle d'escalier implantée dans l'angle. L'intérieur conserve un escalier à rampe sur rampe, avec limon porteur soutenu par deux pilastres et réuni par un arc surbaissé portant une agrafe centrale. La salle à manger est ornée de lambris du XVIIIe siècle et l'étage conserve également des boiseries.

Les origines du fief sont anciennes : une motte féodale est probable et la première mention connue du nom figure dans les chartes de l'abbaye de l'Absie avec Simon de Lespaus, seigneur en 1183. La seigneurie reste ensuite documentée à travers la lignée des Laspaye/Laspaye/Laspois et des alliances familiales successives, avec des actes citant notamment Guillaume, Janot, Georges, Balthazar et René de Laspaye. À la mort de René de Laspaye, un testament de 1585 léguant ses biens provoque une contestation et le fief est attribué au roi Henri III par saisie et adjudication au profit de René Boysson, ce qui entraîne le transfert vers une nouvelle lignée seigneuriale.

Les Boysson transmettent ensuite le bien par descendance et alliances ; une fille épousa René de Couhé de Lusignan, puis la propriété passa aux Couhé, grevée d'hypothèques et finalement acquise par vente et succession par Jacques Vergier à la fin du XVIIe siècle. Après divers litiges avec les créanciers des Couhé, la famille Rousseau entre en possession de Laspois, consolidation attestée par l'affichage des jugements sur les portes du domaine et de l'église. Paul Rousseau entreprend au XVIIIe siècle une importante campagne de remaniement, les dates inscrites sur un fronton et un porche indiquant les années 1724 et 1732 ; l'architecture générale remonte à cette période, bien que plusieurs éléments plus anciens soient encore perceptibles. Sous la génération suivante, Pierre Henri Rousseau gère le domaine et, vers le milieu du XVIIIe siècle, de larges défrichements transforment les bois en terres cultivées et en pacages.

Au fil du temps, les biens sont transmis au sein de la famille Rousseau puis, par mariages et successions, passent aux Ledain puis de nouveau aux Rousseau ; plusieurs actes et inventaires détaillent l'usage et l'aménagement des lieux à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Une tradition locale rapporte un assassinat la nuit de Noël 1795 touchant Pierre Rousseau et son fils René, mais les registres d'état civil consultés ne confirment pas cette version ; la déclaration de succession de Pierre, datée du 12 décembre 1795, montre en tout cas une incertitude sur la chronologie des faits. Après ces événements, Marie-Catherine Geneviève Rousseau, devenue Ledain, cesse d'habiter régulièrement le logis ; les terres sont affermées et l'inventaire après décès de 1800 renseigne précisément l'aspect intérieur de l'époque.

Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, le domaine reste lié à la famille Rousseau et des travaux sont réalisés : remplacement de boiseries, aménagements agricoles et modifications intérieures. Par son mariage avec Marie Rousseau en 1888, Saint-Ange Eugène Léopold Courbe procède à d'importants aménagements : création d'une chapelle à l'emplacement d'anciennes écuries, fourniture de vitraux par un maître verrier de Toulouse, suppression de la buanderie et remplacement par un logement, percée d'une allée à travers la fruitière, rehaussement des toitures dans le goût de la fin du XIXe siècle et renouvellement des habillages de cheminées, parquets et sols, notamment au grand salon.

Les sondages récents dans le grand salon, les chambres et la bibliothèque révèlent des plafonds à la française, de beaux encadrements en pierre de taille de style XVIIe et une structure ancienne largement masquée par des faux plafonds et des enduits modernes. La découverte d'une cheminée attribuée au XIIIe ou XIVe siècle, d'encadrements chanfreinés, d'accolades et de meneaux remployés confirme une genèse plus ancienne que l'apparence générale du logis. L'accès central historique donnant sur la cour et le jardin a été supprimé au profit de portes-fenêtres et d'un accès par le grand escalier, tandis que les contrevents intérieurs ont été remplacés par des volets extérieurs, modifiant l'équilibre de la façade.

Après le décès de Saint-Ange Courbe en 1912, la famille demeure sur le domaine jusqu'en 1964 ; en 1966 le site est vendu et fait l'objet de travaux de restitution et de plantations, tandis que la disparition d'une partie des dépendances de l'aile droite semble intervenir vers la fin du XXe siècle. Des opérations récentes de dégagement des terres ont mis au jour d'anciens pavages, des dispositifs d'évacuation des eaux et de larges fossés ou douves d'une dizaine de mètres, attestant l'aspect défensif originel du site ; ces douves sont aujourd'hui comblées. Le four banal, aujourd'hui détruit, est localisable dans les documents, tandis que la fuye mentionnée dans les actes a disparu ; un châtaignier ancien du pré voisin porte au pied de son tronc de grandes dalles moulurées qui pourraient provenir d'un portail d'accès du XVIIIe siècle.

Le domaine est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 16 décembre 1987. Acquis en décembre 2017 par la famille Godard, le Logis Laspois fait l'objet d'un projet de restauration visant à retrouver progressivement l'aspect des XVIIe et XVIIIe siècles, fondé sur l'étude des archives et une analyse prudente du bâti, avec pour objectif de redonner vie au lieu et de le rendre accessible à la communauté locale.

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