Lotissement de Lège à Lège-Cap-Ferret en Gironde

Patrimoine classé Maison d'architecte

Lotissement de Lège à Lège-Cap-Ferret

  • 35 avenue du Médoc
  • 33950 Lège-Cap-Ferret
Crédit photo : Patrick.charpiat - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

1er quart XXe siècle

Patrimoine classé

Maison (cad. 244) : inscription par arrêté du 30 mai 1990

Origine et histoire du lotissement de Lège

La maison du lotissement Le Corbusier, construite en 1924 par Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret, fait partie d'une cité ouvrière de six maisons et d'un bâtiment collectif destinée aux ouvriers d'une scierie liée à l'industrie sucrière d'Henry Frugès. Le lotissement de Lège, conçu pour le compte d’Henry Frugès, est le premier lotissement réalisé par Le Corbusier et son équipe et comprend également un lieu de détente sportive pour la pelote basque. En 1923, Henry Baronnet-Frugès, qui venait de reprendre la direction des usines familiales, mua la scierie Guérin de Lège pour fabriquer des caisses destinées au conditionnement du sucre et décida d’y loger les employés en créant une petite cité ouvrière. Séduit par les théories exposées dans Vers une architecture, il fit appel à Le Corbusier et à Pierre Jeanneret, déjà en collaboration et ayant travaillé avec Auguste Perret. Pour réduire les coûts et permettre l’évolution des logements, la construction repose sur une structure de poteaux et poutres en béton coulé sur place, complétée par des éléments préfabriqués et un béton projeté au "canon à ciment" dans des coffrages sur armatures. Les travaux, engagés en octobre 1924, rencontrèrent des difficultés liées à la conduite du chantier et ne furent achevés qu’en 1925-1926. L’ensemble, aménagé sur environ deux hectares de forme triangulaire bordés à l’est par un chemin communal (actuelle allée Le Corbusier) débouchant sur l’avenue du Médoc (D3), comprend trois maisons de type A alignées le long du chemin communal, trois maisons de type B, un bâtiment collectif appelé « hôtellerie-cantine » et une placette plantée de platanes fermée au nord par un fronton de pelote basque. Les maisons de type A sont allongées, orientées avec leur façade principale à l’est et l’entrée au sud ; une avancée à l’est forme un abri au rez-de-chaussée et une terrasse à l’étage partiellement couverte par une pergola. Les maisons de type B présentent la même largeur mais sont moins allongées et ne comportent pas de terrasse. Dans les deux types, l’organisation oppose une zone jour au rez-de-chaussée et une zone nuit à l’étage ; les percements associent fenêtres classiques, baies en bandeau et quelques ouvertures étroites en meurtrière, et le chauffage était assuré par une cheminée centrale dans la pièce à vivre. À l’origine, les logements n’étaient pas équipés de sanitaires ni de douches en raison de l’absence d’eau courante, d’égouts et de fosse septique, et chaque maison disposait d’un petit jardin potager non clos. Les plafonds étaient réalisés en voûtains de béton coulé reposant sur des ossatures secondaires métalliques et les sols en ciment. Jusqu’aux années 1970, l’eau était puisée par une pompe manuelle située près de l’aire de sport et du bâtiment collectif, alimentée par une nappe peu profonde, et les voies de circulation restaient en terre battue. L’hôtellerie-cantine, en vis‑à‑vis des dernières maisons de type B, se présente comme un parallélépipède à un étage évidé à l’est, accessible depuis une pergola, avec au rez‑de‑chaussée une cantine comprenant cuisine et réfectoire et à l’étage des dortoirs séparés par des sanitaires. Après la crise économique de 1929 et la faillite des raffineries Frugès, la scierie et le lotissement furent rachetés par la famille Darbo et occupés par les ouvriers de la nouvelle scierie, tandis que la cité, du fait des toits terrasses, fut surnommée le « quartier marocain ». Les bâtiments subirent de nombreuses transformations — adjonction de toitures en tôle ou en plaques fibrociment, modifications des ouvertures, extensions — et, faute d’entretien pendant près d’un demi‑siècle, furent longtemps mutilés. En 1988 une visite étrangère mit fin au projet de démolition envisagé par la municipalité et, grâce à l’intervention de l’architecte Michel Sadirac, l’ensemble fut inscrit à l’inventaire des monuments historiques le 30 mai 1990. Propriété de la société D. Darbo et fils avant 1956, l’ensemble fut acquis en 1993 par l’Office HLM 33, devenu Gironde Habitat, qui fit restaurer la cité de 1994 à 1997 à l’exception de la maison-cantine ; les logements furent remis en location en 1998 et la vocation sociale initiale fut ainsi respectée. Lors de la rénovation, des sondages et une analyse archéologique des éléments d’origine permirent notamment de retrouver les couleurs d’enduit. Le bâtiment collectif non restauré, dont toutes les ouvertures ont été murées pour le protéger, est devenu propriété de la commune de Lège-Cap-Ferret, qui a lancé en mars 2015 un diagnostic en vue d’y installer un établissement ouvert au public, éventuellement un musée. Les adresses regroupent les numéros 33 à 43bis avenue du Médoc, 33950 Lège-Cap-Ferret.

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