Origine et histoire du Lycée
Le lycée Bonaparte est un établissement d'enseignement secondaire et technologique d'Autun ; son pôle général occupe en centre‑ville, place du Champ‑de‑Mars, les bâtiments de l'ancien collège des Jésuites fondé en 1618, tandis que le pôle technologique et professionnel se situe rue Paul‑Cazin. Dès l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, les conciles prescrivaient la création d'écoles auprès des églises; à Autun, le Cartulaire mentionne en 954 deux écolâtres, Warnerius et Constantius, et les sources médiévales signalent l'existence d'un recteur des écoles au XIIIe siècle. L'école communale, distincte de l'école épiscopale, était installée dans la grande maison de la rue Saint‑Christophe, devenue sa propriété en 1526, et la rue voisine prit plus tard le nom de rue du Vieux‑collège. Au XVIe siècle, des débats sur le financement et la nomination du recteur opposèrent le chapitre, la ville et les autorités royales ; Gabriel Madier occupa la fonction de principal dans ce contexte troublé, marqué aussi par une épidémie en 1565 et, un temps, par l'existence simultanée d'une école protestante dirigée par Antoine Destamples. Plusieurs maîtres et principaux se succédèrent à la fin du XVIe siècle, parmi lesquels Pierre Maney, François Perrin, Claude Thouillier, Nicolas Lallemaigne et Simon Naudot. Par son testament de 1601, Antoine de la Croix légua des fonds pour établir un collège de Jésuites à Autun ; après l'autorisation royale de 1613 et des procédures d'enregistrement réglées en 1618‑1621, les Jésuites commencèrent à enseigner dans l'ancien collège de la rue Saint‑Christophe le 18 octobre 1618 sous la direction du père Avit David. Le collège jésuite développa progressivement son enseignement en ajoutant des chaires de rhétorique en 1620, de philosophie en 1632 et une seconde chaire de philosophie en 1639, et il acquit et remania des maisons pour s'installer hors de l'ancien site dès 1643. Une chapelle fut bénite en 1643 ; après l'acquisition de tous les terrains nécessaires, la démolition et la reconstruction des bâtiments commencèrent en 1709, avec plusieurs campagnes de travaux au XVIIIe siècle, entièrement financées par la communauté jésuite. Sous la direction du père de Rosières, la construction de l'église Notre‑Dame du collège, conçue par l'architecte Jean‑Baptiste Caristie, débuta avec la pose de la première pierre le 26 avril 1757; la cloche fut baptisée le 18 août 1760 et le gros œuvre fut achevé en 1763 pour un coût important, mais la suppression royale des Jésuites la même année empêcha la décoration intérieure d'être menée à son terme. Après le départ des Jésuites, la direction du collège fut d'abord confiée à des prêtres diocésains et à un bureau municipal ; la chapelle fut bénite le 25 avril 1764 et des choix décoratifs furent arrêtés en 1772, avec des tableaux d'Étienne‑Guy Charton, des statues de Marlet et une grille de fer forgé commandée à Moine. En 1786 l'évêque obtint des lettres patentes pour confier le collège aux pères de l'Oratoire, qui y restèrent jusqu'en avril 1792 ; Talleyrand visita le collège en 1789 et les effectifs scolaires oscillèrent autour de 130 à 167 élèves entre 1789 et 1792. Les lois révolutionnaires sur le serment et la suppression des congrégations entraînèrent la révocation des professeurs insermentés et le départ des derniers Oratoriens en 1792 ; la chapelle servit ensuite à des réunions politiques, au stockage et aux usages administratifs, et un incendie endommagea le collège dans la nuit du 1er au 2 mai 1793. Les transformations institutionnelles de la Révolution conduisirent à l'accueil d'une école centrale départementale dans les anciens séminaires, puis à l'ouverture d'une école secondaire municipale installée dans les bâtiments concédés à la commune le 24 octobre 1803, conformément aux textes de l'époque. L'église du collège fut progressivement affectée au culte public et reconvertie en succursale sous le vocable de Saint‑Pancrace au début du XIXe siècle, puis élevée en cure de seconde classe par décision de 1819, la nouvelle délimitation paroissiale étant fixée en 1820. Un décret de 1813 prévoyait l'érection du collège en lycée, projet resté sans suite, et les tentatives ultérieures de transformation administrative au cours du XIXe siècle ne firent pas immédiatement d'Autun un lycée impérial ; en 1859 Étienne Prunet était principal depuis dix‑huit ans. L'ancienne chapelle du collège des Jésuites a été classée au titre des monuments historiques le 25 juin 1943 ; les façades et toitures des bâtiments bordant la cour d'honneur et le Champ‑de‑Mars, la cour d'honneur et sa grille ont été inscrits en 2014, et la grille de clôture, chef‑d'œuvre de ferronnerie du XVIIIe siècle, a reçu un classement en 2021. Parmi les élèves célèbres, Lazare Carnot séjourna au collège en 1767 pour une année scolaire ; Napoléon Bonaparte y étudia avant de partir pour Brienne en avril 1779, son père Carlo‑Maria Buonaparte étant présent à Autun le 25 avril 1779 ; Joseph Bonaparte, Lucien Bonaparte et, plus tard, Florent Bernard figurent également parmi les anciens élèves.