Origine et histoire du Lycée
Le lycée Charlemagne, ancienne maison professe des Jésuites, est un établissement d’enseignement secondaire et supérieur situé dans le quartier du Marais, au 14 rue Charlemagne, dans le 4e arrondissement de Paris.
Il est desservi par les stations de métro Saint-Paul (ligne 1) et Pont Marie (ligne 7).
Il porte le nom de Charlemagne, roi des Francs et empereur.
Le lycée est lié au collège Charlemagne, situé en face, et jouxte l’enceinte de Philippe-Auguste dont subsiste le parement extérieur.
En 1310, un béguinage fondé par saint Louis fut établi sur l’emplacement des bâtiments actuels.
En 1580, le cardinal Charles de Bourbon acheta l’hôtel de la Rochepot et Damville et le donna aux Jésuites, qui démolirent le corps de logis bordant la rue Saint-Antoine et y établirent une chapelle dédiée à saint Louis en 1582.
Entre 1627 et 1647, les Jésuites édifièrent, sur l’enceinte de Philippe-Auguste, un vaste bâtiment connu sous le nom de couvent des Grands Jésuites, qui devint la résidence de confesseurs royaux et d’éminents prédicateurs tels que Bourdaloue, Ménestrier et Pierre Coton.
Les bâtiments furent désertés entre 1762 et 1767 après l’expulsion de la Société de Jésus.
Le 23 mai 1767, les Génovéfains du Val-des-Écoliers achetèrent la maison pour en faire le Prieuré royal de Saint-Louis de la Couture ; ils louèrent la grande galerie bibliothèque à la ville de Paris, qui y établit la bibliothèque publique de 1773 à 1790.
À la Révolution, la suppression des ordres monastiques transforma les lieux en dépôt ; le 17 mars 1795 un arrêté du Directoire mit la bibliothèque de la Commune à la disposition de l’Institut national des sciences et des arts, qui pilla une partie du fonds (estimée à 20 000–30 000 ouvrages).
En 1797, l’ancienne maison professe devint l’École centrale de la rue Saint-Antoine ; sous l’Empire Joseph Lakanal y accepta une chaire de langues anciennes.
La loi du 11 floréal an XI (1er mai 1802) rebaptisa l’établissement, qui devint le lycée Charlemagne en 1804.
Un décret impérial manifesta la volonté d’installer le lycée près de la place des Vosges, mais un autre décret du 21 mars 1812 confirma son implantation rue Charlemagne et autorisa son agrandissement, l’établissement accueillant alors quatre cents pensionnaires.
En 1815 il prit le nom de Collège royal de Charlemagne.
Le lycée fut touché le 12 avril 1918 lors d’un raid aérien allemand.
La chapelle primitive de 1582 fut remplacée par l’église actuelle dont la première pierre fut posée en 1627 par Louis XIII ; le plan fut conçu par les jésuites Étienne Martellange et François Derand et la première messe y fut célébrée le 9 mai 1641 par le cardinal de Richelieu, bienfaiteur qui offrit notamment de belles portes en chêne aux initiales de la Compagnie de Jésus.
Des prédicateurs célèbres y firent leurs débuts ou prêchèrent, comme Bourdaloue, Bossuet et Fléchier, et Marie de Rabutin-Chantal (future Mme de Sévigné) fut baptisée dans la chapelle primitive en 1626.
Dans la cour d’entrée se trouve une statue en bronze représentant un Silène portant Dionysos enfant, copie d’un original grec de l’école de Lysippe dont des exemplaires antiques en marbre sont conservés au musée du Louvre et au musée du Vatican.
Sur le plan pédagogique, en 2019-2020 le lycée accueillait sept classes de seconde, sept classes de première, une terminale L, une terminale mixte ES-S, une terminale ES entière et quatre classes terminales S ; il proposait également des classes préparatoires aux grandes écoles avec deux classes de MPSI et une de PCSI en première année, ainsi que des promotions MP, MP*, PC et PC* en deuxième année.
Le proviseur actuel est Olivier Sellier.
Le lycée est considéré comme l’un des deux meilleurs établissements de la zone Paris Centre aux côtés du lycée Sophie-Germain.
Selon Le Parisien, en 2024 le lycée Charlemagne se classait 1er à Paris et 2e au niveau national, classement fondé sur le taux de réussite et de mentions au baccalauréat, le taux de passage et la valeur ajoutée ; Le Figaro le plaçait 7e au niveau national et 6e à Paris sur la base des résultats au baccalauréat en 2023.
Le classement national des classes préparatoires se fonde sur le taux d’admission dans les grandes écoles ; L’Étudiant a publié en 2015 un classement relatif aux concours de 2014.
De nombreux proviseurs se sont succédé, parmi lesquels Pierre Claude Bernard Guéroult, Auguste Poirson, Auguste Nouseilles, Charles Lenglier, Polak, Pinon, Hélène Perrin, Alberto Muñoz, Pierrette Floc’h, Christophe Hespel, Jean-Luc Guéret et Olivier Sellier.
Parmi les professeurs ayant marqué l’établissement figurent des humanistes, mathématiciens, historiens et scientifiques tels qu’Auguste Angellier, Jean Bayet, Gaston Boissier, Édouard Lucas, Eugène Chevreul, Louis-Benjamin Francœur, Gustave Lanson, Émile etc. (liste non exhaustive).
Le lycée a formé de nombreux anciens élèves célèbres, parmi lesquels Honoré de Balzac, Léon Blum, Joseph Joffre, Lionel Jospin, Gustave Doré, Théophile Gautier, Paul Pelliot, Jules Michelet, Pierre Messmer, Manuel Valls et bien d’autres figures des lettres, des sciences et de la vie publique.
Enfin, plusieurs mouvements sociaux impliquant des élèves ont entraîné des blocages et occupations entre 2016 et 2018, notamment des mobilisations contre la loi travail, des protestations contre les violences policières, des actions contre la sélection à l’université et des occupations liées aux débats sur Parcoursup et d’autres politiques gouvernementales ; certaines actions ont conduit à des grèves reconductibles et à des évacuations sans violences ni arrestations signalées.