Origine et histoire
Le lycée Pierre‑Corneille occupe depuis le début du XIXe siècle l'ancien collège des Jésuites, ouvert à cet emplacement en 1604. Les bâtiments, datés des XVIIe et XVIIIe siècles, comprennent la chapelle ainsi que l'ensemble des constructions bordant la cour d'honneur et la cour des cuisines. Le Petit lycée de Joyeuse, édifié en plusieurs campagnes entre 1850 et 1900 sur l'emplacement de l'ancien séminaire de Joyeuse, complète cet ensemble. Parmi les architectes intervenus figurent Martinet pour les parties du XVIIIe siècle et Chéruel, Hubert Touzet et Trintzius pour les travaux du XIXe siècle. Le décor et les œuvres du lycée comprennent des fresques de Paul Baudouin, le décor peint de Philippe Zacharie dans la salle des Actes, le monument aux morts d'Édouard Delabarre et Albert Guilloux ainsi que la statue de Corneille réalisée par René Duparcq. Établissement public d'enseignement secondaire, le lycée forme des élèves de la seconde jusqu'aux classes préparatoires aux grandes écoles. La chapelle est classée monument historique depuis le 21 mars 1910 ; l'ancien collège des Jésuites et le Petit lycée de Joyeuse ont fait l'objet d'une inscription le 28 décembre 1984 puis d'un classement le 31 décembre 1985. Le Collège de Bourbon, qui préfigure l'actuel lycée, a été fondé à la fin du XVIe siècle et rouvert à cet emplacement en 1604 après une interruption liée à l'expulsion des jésuites. Au XVIIe siècle l'établissement connaît un développement rapide et, dès sa réouverture, doit refuser de nombreux candidats ; une première extension permet alors la construction du portail actuel et d'une vaste chapelle. L'enseignement, alors surtout dispensé en latin, intègre aussi le français, l'histoire, la géographie et les sciences, avec un nombre limité de professeurs. Au XVIIIe siècle l'enseignement gagne en scientificité et un important programme de construction laisse notamment la cour d'honneur et la salle des Actes. Malgré la suppression des jésuites, l'établissement conserve son activité en devenant Collège Royal. Sous la Révolution et l'Empire, il accueille une École centrale qui diversifie les enseignements, puis retrouve la forme du lycée avec un retour aux lettres classiques et aux mathématiques. Le XIXe siècle voit le lycée fonctionner selon le modèle napoléonien, avec une discipline stricte et la préparation au baccalauréat ; les classes préparatoires sont créées en 1870 et l'établissement prend le nom de lycée Corneille en 1873. Transformé en hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale et en partie occupé par l'armée allemande pendant la Seconde, le lycée subit des bombardements en 1942 et surtout le 19 avril 1944. Le monument aux morts présent dans l'enceinte porte les noms d'anciens élèves morts au combat ou en déportation et fait l'objet d'une commémoration le 11 novembre. Réquisitionné par la Wehrmacht, l'établissement conserve des inscriptions en allemand dans le portique de l'entrée Joyeuse. Après l'ouverture du restaurant scolaire en novembre 2015, une vaste programmation de travaux conduite par la région Normandie est prévue entre 2018 et 2023 pour la réhabilitation de plusieurs bâtiments et la création d'équipements, dont une salle de conférences, un pôle audiovisuel, la reconstruction du bâtiment des sciences et la restructuration d'une partie du lycée incluant la cour d'honneur. La chapelle Saint‑Louis, dont la première pierre fut posée par Marie de Médicis, présente une nef unique et un plan en croix ; longue de 52 mètres, elle combine des éléments du gothique tardif et du style classique. Menacée de démolition en raison de son mauvais état, elle est sauvée par une décision du conseil municipal en 1895, classée en 1910, endommagée en 1942 puis progressivement restaurée et aménagée dans les années 2010 en auditorium. La section norvégienne, créée en 1918, accueille pendant trois ans de jeunes élèves norvégiens ; ses commémorations et visites officielles, notamment en 1987 et à l'occasion du centenaire en 2018, témoignent des relations bilatérales entretenues avec la Norvège. L'association des anciens élèves, fondée en 1864 après des réunions informelles depuis 1840, publie dès 1906 le bulletin Notre vieux lycée auquel ont collaboré Maurice Leblanc, André Maurois et Jacques Villon ; l'association sportive des Francs Joueurs a été créée en 1890. Le lycée, désormais mixte, propose une offre d'enseignements secondaires diversifiée avec des options et enseignements d'exploration en langues anciennes et vivantes, en sciences, en arts et en pratiques sportives, ainsi que des sections européennes et des classes préparatoires économiques et scientifiques. Une section cinéma et audiovisuel existe depuis 1958, prolongée par un BTS Audiovisuel mis en place en 1993. L'établissement est desservi par plusieurs lignes du réseau Astuce aux arrêts Lycée Corneille, Hôtel de Ville et Beauvoisine. De nombreux professeurs et anciens élèves ont marqué la vie culturelle et scientifique ; parmi eux figurent Pierre et Thomas Corneille, Camille Corot, Gustave Flaubert, Marcel Duchamp, Guy de Maupassant, Maurice Leblanc, André Maurois, Charles Nicolle et Thomas Pesquet. Une partie du matériel pédagogique du lycée, notamment 32 modèles de botanique réalisés par Louis Auzoux, est conservée au musée national de l'Éducation après un don du lycée en 2007.