Origine et histoire du Lycée
Le lycée Fustel-de-Coulanges, installé au cœur de la vieille ville de Strasbourg à proximité immédiate de la cathédrale et du palais Rohan, occupe des bâtiments d’architecture classique édifiés à la fin du XVIIe siècle pour le Collège royal des Jésuites. Fondé à la fin du XVIIe siècle dans le contexte de la prise de Strasbourg par Louis XIV et de la révocation de l’édit de Nantes, il visait à former la jeunesse alsacienne dans la foi catholique et en français. Pendant la Révolution, de 1795 à 1802, les locaux abritèrent une école centrale, puis, avec la création des lycées d’État sous Napoléon, l’ancien collège fut affecté au lycée impérial créé en 1804, faisant de l’établissement l’un des plus anciens du département du Bas-Rhin. Au fil du XIXe et du début du XXe siècle, il porta successivement les appellations Collège royal, Lycée national, Lycée impérial puis, après l’annexion de 1871, Kaiserliches Lyzeum ; il reçut son nom actuel en 1919 en hommage à l’historien Numa Denis Fustel de Coulanges. Durant l’Occupation de 1940 à 1944, l’établissement prit le nom d’Oberschule Erwin von Steinbach. Le censeur Alfred Wetzel, affecté entre 1920 et 1930, fut assigné à résidence par la Gestapo en 1940 et réussit à s’enfuir pour Paris en emportant des dossiers d’élèves juifs qu’il contribua ainsi à protéger. Jusqu’en 1969, le lycée comprenait un « petit lycée » annexe scolarisant les classes primaires ; le collège lié porte aujourd’hui une autre adresse. L’établissement a célébré en 1985 le tricentenaire du Collège royal et en 2004 le bicentenaire du Lycée impérial.
Aujourd’hui lycée public d’enseignement secondaire général, il propose des filières littéraires et des classes préparatoires aux grandes écoles, notamment aux khâgnes A/L, B/L et LSH, ainsi qu’une préparation spécifique au concours de l’École nationale des Chartes, l’une des trois existant en France. Il dispense un enseignement marqué par les lettres classiques, les arts et les langues, offre une classe ABIBAC et des sections européennes, et propose des langues orientales. L’établissement dispose de classes à thème (Humanités, Archimède, Patrimoine) et enseigne les arts visuels et les arts du patrimoine dès la seconde. En 2022, le lycée s’est classé 2e sur 37 au niveau départemental et 223e au niveau national selon des critères incluant le taux de réussite au baccalauréat et la valeur ajoutée. Parmi les résultats des préparations aux concours, le lycée a notamment assuré en 2018 la réussite de cinq étudiants au concours de l’École des Chartes, le plaçant au deuxième rang national derrière le lycée Henri‑IV.
Le lycée a aussi été pionnier en matière d’initiatives pédagogiques et technologiques : en 1974 il participa à l’« Expérience des 58 lycées » visant l’initiation à l’informatique, en dotant l’établissement d’un mini‑ordinateur CII Mitra 15 et d’un ensemble de terminaux et périphériques pour la pratique de la programmation et l’utilisation de logiciels. De nombreuses personnalités académiques, culturelles et politiques ont été liées à l’établissement, tant comme professeurs — parmi lesquels des philosophes, historiens et géographes — que comme anciens élèves, parmi eux des hommes politiques, des résistants, des scientifiques, des artistes et des intellectuels.