Origine et histoire du Lycée
Le lycée d'État Gabriel-Faure est un établissement public situé au centre de Tournon-sur-Rhône, en Ardèche. Ancien Collège de Tournon, il est considéré comme le deuxième plus vieux lycée de France et le plus ancien en province ; il porte le nom de l'écrivain Gabriel Faure, natif de la ville. L'adresse est place Stéphane-Mallarmé, 07300 Tournon-sur-Rhône. L'établissement propose des baccalauréats général, technologique (STMG, ST2S) et professionnel, avec des options telles que arts plastiques, latin, droits et grands enjeux du monde contemporain, mathématiques complémentaires et expertes, option sport et une section badminton. Les langues enseignées incluent allemand, anglais, espagnol, grec ancien, italien et latin. L'effectif est d'environ 1 000 élèves et l'établissement compte sept classes de terminale. En 2015, le lycée se classait 11e sur 12 dans le département pour la qualité de l'enseignement et 1 635e au niveau national ; ce classement tient compte du taux de réussite au bac, de la proportion d'élèves ayant effectué les deux dernières années dans l'établissement et de la valeur ajoutée calculée à partir de l'origine sociale, de l'âge et des résultats au brevet.
Fondé en 1536 par le cardinal François II de Tournon, le collège devint en 1548 une université de philosophie et des sept arts libéraux fréquentée par de nombreux étudiants européens. En 1561 il passa sous la direction de la Compagnie de Jésus et devint un centre de résistance catholique face au protestantisme ; en 1562 le cardinal institua la gratuité de l'enseignement et légua sa bibliothèque, dont des incunables. L'apogée de la réputation se situe au début du XVIIe siècle, avec un enseignement avancé, notamment en langues anciennes pour les jésuites ; la théologie, enseignée depuis 1584, contribua au rayonnement de l'établissement, qui conserva sa fonction universitaire jusqu'en 1626 avant de redevenir un collège secondaire. En 1714 un incendie détruisit le collège et la bibliothèque ; un nouveau fonds fut constitué mais environ 4 000 livres furent vendus en 1763 lors de l'expulsion des jésuites. En 1776 le collège devint École Royale Militaire et passa aux mains des oratoriens, qui introduisirent l'enseignement de l'histoire-géographie, des sciences exactes et des sciences d'observation et renforcèrent la place du français. L'établissement passa sous administration laïque en 1820, prit le statut de lycée en 1848 rattaché à l'académie de Grenoble, fut qualifié de lycée impérial sous le Second Empire et conserva la dénomination de lycée après 1870. En 1888 des ouvrages furent transférés vers Lyon et Grenoble ; la population locale empêcha l'expédition de douze caisses et seuls 3 000 volumes, principalement anciens, partirent pour Lyon où ils demeurent dans les réserves des bibliothèques. Le lycée prit le nom de Gabriel-Faure en 1967 et devint en 1968 un lycée d'État mixte polyvalent de second cycle. Plusieurs parties de l'édifice sont protégées au titre des monuments historiques : le portail (classé depuis 1925), le parc (classé depuis 1932), la chapelle (classée depuis 1943) et les autres parties inscrites depuis 1937.
La bibliothèque Honoré d'Urfé contient entre 10 000 et 15 000 ouvrages, issus principalement du fonds reconstitué en 1777 et enrichis par des dons de communautés religieuses et de familles. Parmi les pièces remarquables figurent la deuxième édition de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert acquise en 1986, l'édition complète de la Description de l'Égypte conservée dans un meuble sur mesure depuis 2013, la Mécanique céleste de Laplace et un ouvrage de Faujas de Saint-Fond sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay. La collection comprend aussi des curiosités comme un dictionnaire chinois-latin-français du Premier Empire, des exemplaires de la Décade littéraire, politique et artistique et le Journal des Savants (1788-1789).
La chapelle, dont la construction s'étendit de 1673 à 1720 d'après les plans de l'architecte lyonnais Martellenge, présente une façade de style jésuite classique en molasse, avec des colonnes doriques à la base et composites au sommet. Sa construction connut de longues interruptions liées aux guerres et aux besoins de défense ; la première pierre fut posée en 1673, la balustrade du chœur installée en 1707, le clocher édifié en 1713 et la chapelle ouverte au culte la même année ; les cendres du cardinal François II de Tournon y furent déposées en 1720. L'intérieur, long de 26 mètres, est de style Renaissance, flanqué de chapelles et décoré en trompe-l'œil, avec des galeries latérales et une acoustique réputée qui met en valeur l'orgue classique installé au XVIIIe siècle.
La galerie des tapisseries, accessible par un escalier monumental bordé d'une rampe en ferronnerie réalisée à la veille de la Révolution sous les oratoriens, expose sept tentures datant des XVIe et XVIIIe siècles. Cinq tapisseries d'Aubusson représentent le baptême du Christ, la Cananéenne, le sermon sur la montagne, la Cène et Jésus chassant les marchands du temple ; deux tapisseries des Flandres, très dégradées, encadrent ces tentures. Trois tapisseries d'Aubusson furent restaurées en 1936 pour le 400e anniversaire du lycée, et en avril 2025 huit tapisseries classées Monument historique ont été retirées pour une restauration financée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la DRAC. L'escalier et la rampe avaient coûté 12 000 francs-or et, par le passé, certaines tapisseries flamandes avaient servi de tapis lors de cérémonies, provoquant leur usure par le frottement et les mégots.
Parmi les personnalités liées à l'établissement figurent de nombreux anciens élèves — Honoré d'Urfé, Nicolas de Peiresc, saint Jean-François Régis, François Laurent d'Arlandes, Pierre Daru, Charles Seignobos, Gabriel Faure ou Alice Saunier-Seïté — ainsi que des professeurs tels que Stéphane Mallarmé et Augustin Pérouse.
