Origine et histoire du Lycée
Le bâtiment du lycée international des Pontonniers a été construit en 1902-1903 d'après les plans de l'architecte Johann Karl Ott, dans un style historiciste inspiré de l'architecture germanique des XVe et XVIe siècles. Pour la maison de la directrice, Ott a réutilisé des éléments de pan-de-bois sculpté provenant de la maison Katzeroller de 1509. Situé 1, rue des Pontonniers, sur la Grande Île de Strasbourg et le long de l'Ill, l'établissement se trouve à proximité de la cathédrale. Il abrite un enseignement secondaire et supérieur, accueille des sections internationales et, en 2014, comptait 1 052 élèves de la seconde aux classes préparatoires économiques et commerciales. Le site était occupé dès 1299 par un couvent franciscain nommé Sainte-Claire-aux-Ondes ; transformé en caserne après 1681, il a ensuite hébergé le régiment des pontonniers. Le chroniqueur Philippe Ségur relate les efforts des pontonniers à la Bérézina en 1812, évoquant le sort tragique de nombreux soldats qui moururent peu après. Le corps des pontonniers a continué d'occuper la caserne en temps de paix jusqu'à la fin du XIXe siècle, puis celle-ci a été démontée. Fondée à Strasbourg en 1815, l'École supérieure de jeunes filles, installée dans des locaux exigus, nécessitait un nouvel établissement pour offrir une éducation moderne incluant le français et l'allemand. Après la décision d'installer à Strasbourg une nouvelle politique urbaine et éducative, la municipalité choisit le site de l'ancienne caserne pour construire un lycée modèle, achevé juste avant la rentrée 1902. Les travaux furent confiés aux architectes Gustave Oberthür, Dauchy et Kratz, assistés par l'architecte municipal Ott, qui organisèrent la construction en intégrant des éléments décoratifs récupérés dans la ville. Les boiseries de la façade sur rue proviennent notamment de la maison du Katzeroller ; d'autres éléments, oriel, vitraux et carrelages, proviennent de bâtiments disparus ou de reconstitutions incorporées au décor. Les architectes souhaitaient ainsi sensibiliser les élèves à l'art local et à la conservation du patrimoine urbain. L'établissement, alors nommé Höhere Mädchenschule, devint en 1918 « lycée de jeunes filles » sous la tutelle de l'État ; il prend sa dénomination actuelle en 1975 et est destiné aux sections internationales depuis 1979. La gestion est assurée par la région Alsace depuis 2005 et l'enseignement a accueilli l'apprentissage du chinois dès 2004. Le bâti ancien comprend trois corps de bâtiments : une aile en « L » le long du canal, la maison dite du Katzeroller utilisée comme logement du directeur et la maison du directeur adjoint. L'entrée, décorée d'un portail autrefois surmonté de deux chouettes et d'écussons, mène à des espaces intérieurs richement ornés où figurent, entre autres, des médaillons sculptés représentant Fröbel et Pestalozzi. L'architecture intérieure mêle voûtes en béton armé, pavements distincts par étage ornés d'aigles, lions ou poissons, blasons de fonction au-dessus des salles, et deux escaliers conçus initialement avec des rampes différentes pour les élèves et pour les professeurs. Au premier étage, la salle des professeurs et la bibliothèque ont bénéficié de décors peints et de boiseries, ces dernières ayant fait l'objet d'une restauration récente ; la bibliothèque conserve un mobilier néo-gothique renouvelé et des collections pédagogiques anciennes. Le lycée possède un oriel aménagé en alcôve, un grand nombre de salles de classe réparties sur les étages et une salle de musique occupant le dernier niveau. Un cadran extérieur renvoie à une horloge de précision fournie par l'entreprise Ungerer à la construction de l'édifice ; son mécanisme, apparent lors des journées du patrimoine, s'inspire de celui de l'horloge astronomique de la cathédrale et cette horloge est inscrite aux monuments historiques depuis le 13 novembre 2003. L'ensemble du lycée est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 5 avril 2002 ; la protection couvre notamment les façades, la toiture, les murs, les grilles en fer forgé (hors gymnase) ainsi que des éléments intérieurs tels que les couloirs, les portes d'entrée des salles, la cage du grand escalier, l'escalier secondaire, la salle et la bibliothèque des professeurs, et la maison de la directrice avec ses boiseries d'origine. Sur le plan pédagogique, le lycée propose des dispositifs d'accueil pour élèves non francophones, dont des modules de FLE et, depuis mars 2009, un Module d'Accueil Temporaire pour primo-arrivants, ainsi que des préparations spécifiques pour l'épreuve anticipée de français. Il abrite des classes préparatoires économiques et commerciales (ECS) et présente régulièrement d'excellents résultats au baccalauréat, avec un taux de réussite supérieur à 98 % et atteint à plusieurs reprises 100 %, notamment en 2011 et 2016 ; les classements nationaux et départementaux cités pour 2015 et 2017 confirment cette réputation. Les sections internationales offrent un cursus bilingue et biculturel : historiquement six sections — anglaise, allemande, espagnole, italienne, polonaise et russe — auxquelles s'ajoute depuis la rentrée 2023 une section lusophone ; la section allemande proposait l'AbiBac, dont certaines modalités ont été déplacées à d'autres établissements. Les élèves des sections passent le Brevet international puis, s'ils le souhaitent, le baccalauréat à option internationale (OIB) ; les professeurs des sections sont détachés par leur pays d'origine pour des périodes de cinq ans. La section anglaise prépare aussi des certifications Cambridge (FCE, CAE, CPE), et le lycée est centre d'examens pour diverses certifications internationales, dont le diploma básico pour les hispanisants depuis 1991 et, depuis 1994, le Certificato di Conoscenza della Lingua Italiana organisé par l'Institut culturel italien. Le lycée a formé de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Marcelle Cahn, Antoinette Feuerwerker, Malou Schneider, Jeanine Sontag, Catherine Trautmann, Rose Warfman et Florence Benoît‑Rohmer ; parmi les anciens élèves du lycée international figurent Alex Lutz, Johannes Honigmann, Daniel Funeriu, Lauréline Kuntz, Jules Stimplfing, Nadia Daam, Neil Ibata, Elise Fugler, Pio Marmai et d'autres créateurs. Des enseignants remarquables ont également exercé au lycée, tels Lucie Aubrac, Abraham Deutsch, Germaine Goblot et André Magnan. La direction a été assumée successivement par Nicole Lafon jusqu'en 1995, Anne‑Marie Meyer de 1995 à 2008, Martine Quelen de 2008 à 2017, Jean‑Philippe Fussler de 2017 à 2021, puis Véronique Rosay depuis septembre 2021.
