Origine et histoire
Le lycée Marie‑Curie, situé à Sceaux (Hauts‑de‑Seine), occupe un site où subsiste une maison de maître construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle, aujourd’hui utilisée comme logement de professeurs. Entre 1932 et 1936, l’architecte Émile Brunet a fait édifier dans le parc un lycée de jeunes filles ; l’établissement a ouvert ses portes en octobre 1936 sous la direction de Suzanne Forfer et a été inauguré en juin 1937. Par décret de janvier 1937, il prit le nom de Marie Curie, en référence aux liens de la savante avec la ville et à son exemple pour l’éducation des filles. Transformé au fil du temps en cité scolaire départementale mixte, il accueille désormais un collège, un lycée général et des classes préparatoires aux grandes écoles, et ses bâtiments sont inscrits depuis le 30 mars 2001 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
La création du lycée répondait à l’absence d’enseignement secondaire pour les filles à Sceaux : après la création en 1897 du Cours Florian à Bourg‑la‑Reine, la municipalité acheta en 1931 un terrain ayant appartenu au mathématicien Cauchy, cédé ensuite à l’État pour la construction de l’établissement. Lors de la Seconde Guerre mondiale, de juin 1940 à août 1944, un détachement de l’état‑major de la Luftwaffe occupa les lieux ; des salles de classe furent transformées en dortoirs, des batteries anti‑aériennes installées sur les terrasses et des abris et bunkers utilisés ou aménagés par l’occupant. Les élèves furent accueillies par d’autres établissements, notamment le lycée Lakanal, et des locaux municipaux et privés servirent de refuge pour les classes primaires. Plusieurs membres du personnel et de la communauté scolaire subirent les conséquences des mesures antisémites et des déportations, et le lycée dut être considérablement réparé après le départ des troupes allemandes ; il rouvrit à la rentrée d’octobre 1944.
Après la guerre, la fréquentation augmenta fortement — les effectifs dépassèrent les 2 500 élèves à la fin des années 1950 —, conduisant à la fermeture progressive des classes primaires, la dernière classe primaire fermant en 1961, et à la création d’annexes à Châtenay‑Malabry et Antony. La mixité fut introduite en 1971 à la rentrée en classe de sixième et le port de la blouse obligatoire fut abandonné la même année. Depuis les années 1980, l’établissement accueille environ 2 000 élèves ; les lois de décentralisation de 1982 en ont fait une cité scolaire départementale couvrant la sixième jusqu’aux classes préparatoires, lesquelles comprennent notamment deux sections d’économie et gestion (D1 et D2).
Le lycée Marie‑Curie est un bâtiment de style Art déco : Émile Brunet, architecte en chef des Monuments historiques, l’a conçu en s’entourant d’artisans et d’artistes — Auguste Labouret, Raymond Subes, Albert Chartier et Louis Barillet — et en habillant une structure en béton armé d’un parement en briques ocres à l’extérieur et blanches à l’intérieur. Le grand hall présente huit mosaïques d’Auguste Labouret représentant des jeunes filles dans diverses activités ; Labouret et Subes signent également la porte monumentale ornée de pavés de verre figurant les disciplines enseignées. Albert Chartier a réalisé le fronton en bas‑relief Les Sciences et les Lettres et le buste de Marie Curie, aujourd’hui placé dans le vestibule. Une fresque enfantine de Robert Lotiron, jadis dans le jardin d’enfants, est aujourd’hui recouverte mais signalée comme restaurable.
L’inscription des bâtiments, des façades, des toitures et de l’escalier intérieur de l’ancienne maison Cauchy à l’inventaire supplémentaire résulte d’une initiative d’enseignants soutenue par le proviseur de l’époque. Parmi les cheffes et chefs d’établissement successifs figurent, pour la direction initiale (1936‑1979), Suzanne Forfer, Suzanne Aubry, Yvonne Châtelet, Rose Véchot et Mireille Delpla ; les proviseurs depuis 1979 incluent Maddy Noin‑Ledanois, Jacques Durin, Béatrice Potier, Étienne Recoing et, à partir de 2024, Pascale Pommat.
Sur le plan pédagogique, le lycée propose un enseignement sur trois niveaux avec, au collège et au lycée, l’enseignement de cinq langues étrangères (anglais, espagnol castillan, allemand, italien, russe), neuf spécialités au lycée et huit options variées. L’établissement dispose d’un terrain d’environ un hectare et demi, de bâtiments de trois à quatre niveaux, de plusieurs dizaines de salles de cours, de quatre cours de récréation (trois d’environ 1 000 m2 et une d’environ 4 000 m2), d’une cantine avec deux réfectoires, d’un CDI équipé d’ordinateurs et d’une grande salle de conférences. Le gymnase associé, implanté à l’est de la rue Cauchy, offre des installations sportives importantes et l’établissement utilise également le parc de Sceaux, la piscine de Fontenay‑aux‑Roses et le gymnase des Clos pour les activités d’EPS. L’ouverture est prévue du lundi au samedi, de 8 h à 18 h, les cours du samedi étant assurés le matin et accessibles dès la classe de quatrième.
En 2022, le lycée se classait cinquième du département au baccalauréat ; 98 % des candidats présentés ont obtenu le diplôme et 87 % des 329 élèves présentés ont obtenu une mention. Parmi les anciennes élèves et le personnel se trouvent de nombreuses personnalités dans les domaines des arts, des lettres, des sciences et des médias, et le lycée a servi à plusieurs tournages de films, séries et clips, ainsi qu’à des campagnes publicitaires. L’écrivaine Annie Leclerc a raconté ses souvenirs de l’établissement dans son ouvrage Origines.