Origine et histoire
Le groupe scolaire de Suresnes, initié par le maire Henri Sellier, a été conçu à la suite d'un concours lancé en 1920 et réalisé d'après le projet de l'architecte Maurice Payret‑Dortail, lauréat de ce concours. Le projet, retenu en 1924, a été achevé en 1927 et l'ensemble a été agrandi en 1937. Installé sur un terrain d'environ 1,3 hectare sur le plateau nord de Suresnes, il regroupait dès l'origine une école maternelle, des écoles élémentaires pour garçons et filles, une école primaire supérieure, ainsi qu'une école pratique de commerce et d'industrie et un lycée professionnel. Construit principalement en brique avec un bâtiment central à ossature en béton armé, l'ensemble répondait à des objectifs de confort et d'hygiène et accueillait des équipements modernes pour l'époque. L'organisation en bâtiments de faible hauteur, reliés entre eux mais indépendants, respecte les dénivelés du terrain et crée de petites cours et entrées particulières pour chaque unité. Les installations comprenaient des laboratoires et un amphithéâtre de physique‑chimie, des ateliers liés à l'électricité, une piscine avec bains‑douches, une salle de gymnastique modulable, un vaste réfectoire, des services sociaux et médicaux, ainsi que des dispositifs d'aération et de chauffage central. De larges couloirs, des escaliers spacieux, des fenêtres à guillotine et un mobilier pensé pour l'ergonomie témoignaient d'une attention aux conditions de santé et d'étude des élèves. La décoration extérieure et intérieure participait à l'ambition pédagogique : la brique et le béton procuraient une dimension chaleureuse, des faïences et des céramiques réalisées par les ateliers de Sèvres ornaient certaines façades et des maximes éducatives étaient gravées sur les murs. La cour d'honneur, pavée et bordée de pelouses, arbustes et parterres de fleurs, était décorée de sculptures et de vases, dont les deux Centaures de Louis de Monard et des vases Élysées de la manufacture nationale de Sèvres. Le long de la rue Maurice‑Payret‑Dortail, on trouve également la statue Le Bûcheron de Paul Richer et le vase en grès émaillé L'Âge d'or de Jules Dalou. L'affectation intercommunale initiale devait permettre d'accueillir des élèves venant notamment des HBM de Puteaux, la municipalité de Puteaux apportant une subvention pour cet usage partagé. Le passage d'un groupe scolaire à un lycée a entraîné de profondes transformations internes, la maternelle ayant été partiellement détruite, et des locaux à usage d'habitation ont été ajoutés sur une parcelle acquise ultérieurement. Les capacités de l'établissement furent rapidement dépassées : il reçut davantage de classes et d'élèves que prévu, ce qui motiva l'extension conduite en 1937 par l'architecte Georges Demay. En 1939 l'établissement prit le nom d'Édouard‑Bénes et la même année l'Association amicale des anciens élèves fut créée. Durant la Seconde Guerre mondiale l'école subit des dégâts légers lors de bombardements, connut des suppressions et contrôles de cours imposés par les autorités d'occupation et fut le siège d'actions de résistance menées par des enseignants et des élèves, entraînant des fermetures temporaires et la mise à l'abri d'archives et de personnes. Après la guerre l'établissement fut successivement appelé Collège de Suresnes, puis Collège Paul‑Langevin en 1948 et enfin Lycée Paul‑Langevin moderne et technique en 1949 ; il devint administrativement autonome en 1950. Les années 1950 se traduisirent par une augmentation des effectifs, la création de sections techniques et professionnelles, des transformations des locaux et la commande d'œuvres décoratives, notamment trois panneaux peints par Youla Chapoval pour l'entrée du lycée. En 1966 le lycée obtint l'usage de locaux autrefois affectés aux classes primaires et maternelles, et les baraquements provisoires installés dans les années 1950 furent détruits. Les événements de mai 1968 donnèrent lieu à une grève et à une brève occupation des lieux ; peu après furent créés un foyer socio‑culturel et plusieurs clubs, tandis que certaines sections techniques furent transférées vers d'autres établissements. Le lycée a fait l'objet de travaux de rénovation entre 1990 et 1992, à l'exception du gymnase et de la piscine, cette dernière ayant été ultérieurement réaménagée pour d'autres usages. Depuis le début du XXIe siècle, le lycée a connu des actions destinées à moderniser l'équipement numérique et les filières proposées, des protestations liées à la vétusté de certains locaux et des partenariats sportifs locaux. Le lycée et ses sols sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 13 octobre 1993, le bâtiment de la piscine et du gymnase sont classés depuis le 12 avril 1996 et certaines sculptures extérieures ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire en 2001. Situé 2‑4 rue Maurice‑Payret‑Dortail, près du mont Valérien, l'établissement conserve son rôle d'établissement public d'enseignement en proposant des séries générales et technologiques ainsi qu'une offre de spécialités adaptée aux réformes récentes, et en 2020 il comptait environ 115 professeurs dont 75 % d'agrégés.