Origine et histoire de la Mairerie
L'Ancienne mairerie, située 20 rue des Ayres à Bordeaux, est aujourd'hui aménagée en presbytère de l'église Saint-Paul-Saint-François-Xavier et n'est plus accessible au public. L'édifice est partiellement inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis le 8 octobre 1993. L'origine de la mairerie remonte probablement au XIIIe siècle sous le nom d'hostau de la Majoria, la première mention écrite n'apparaissant toutefois qu'au début du XVe siècle dans les registres de la jurade. Elle semble avoir été la première des maisons patriciennes et a servi de résidence au maire et à sa famille, lieu privé et public de réception, de réunions et, occasionnellement, d'assemblée pour les jurats. À la période médiévale et au début des Temps modernes, Bordeaux connaît une prospérité liée au commerce du vin ; de grandes familles bourgeoises telles que les Beguey, Colon, Calhau ou Soley prétendent alors à la charge de maire. La ville, sous domination anglaise au XIIIe siècle puis redevenue française au XVe siècle, voit le mode de nomination du maire évoluer vers des représentants choisis parmi les lieutenants du roi ou les maréchaux de France. L'édifice, modeste en pierre mais marqué par une tour carrée attestée en 1450 par Léo Drouyn, symbolisait l'autorité municipale plutôt qu'une fonction défensive. Michel de Montaigne y aurait séjourné de 1581 à 1585. En 1618, l'élection du marquis Henri Desprez de Mompezat entraîne des travaux de réparation et d'agrandissement confiés à Claude Maillet afin d'adapter la mairerie aux usages et à l'esthétique de l'époque. Entre 1618 et 1619 la mairerie est transformée : la nouvelle construction, en plan irrégulier, mesure cent-un mètres de long et présente des façades sur la rue des Ayres et sur la rue de Gourgues d'une largeur d'environ dix-huit mètres chacune. Un ancien corps de logis, aujourd'hui disparu, donnait sur la rue des Ayres et mesurait environ trente-deux mètres ; il abritait probablement les logements des domestiques et était qualifié de « fort vieux et ruiné » dans un rapport de 1659. Une nouvelle aile, bâtie entre la cour d'environ quarante mètres sur treize et un jardin d'environ vingt mètres, occupe près de neuf cent cinquante mètres carrés ; deux écuries élevées à l'ouest en 1618 brûlent en 1636 et ne sont pas reconstruites, tandis que les cuisines étaient implantées dans un pavillon à l'écart. Le nouveau corps de logis comprend une grande salle ouvrant sur la cour et le jardin, trois fenêtres et deux portes au rez-de-chaussée, et des étages percés d'ouvertures sans ornement particulier. La partie la plus remarquable est la loggia à arcades, construite en pierres de taille sur trois niveaux et encore visible aujourd'hui ; elle présente trois travées identiques par niveau et un jeu de pilastres suivant la règle des ordres superposés : dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier étage et corinthien au second. Les pilastres du rez-de-chaussée sont massifs et sans base, l'entablement comporte une architrave à deux fasces et la corniche du troisième niveau est ornée de modillons ; une porte à l'extrémité de la galerie dessert les appartements. La tour, en pierre sur quatre niveaux de plan carré et percée de baies géminées, mesurait environ deux mètres cinquante de côté et une quinzaine de mètres de hauteur ; ses parties les plus récentes pourraient dater du XVIe siècle et elle est aujourd'hui visible depuis le jardin du presbytère. La décadence de l'autonomie municipale commence en 1620 lorsque, durant son séjour à Bordeaux, le roi Louis XIII repousse les élections et laisse la charge vacante jusqu'en 1653 ; sans affectation, la mairerie est alors louée à divers particuliers. La ville réalise des réparations en 1633 et 1637, puis cède la mairerie à la Cour des Aides puis à la Chambre de l'Edit en novembre 1637. En 1653 un nouveau maire nommé par le roi, Godefroy, comte d'Estrades, prend ses fonctions. Dès 1659 s'engagent des négociations entre les jurats et la Compagnie de Jésus qui aboutissent en avril 1662 à la vente du bâtiment aux Jésuites ; ceux-ci entreprennent la construction d'une nouvelle église sur les fondations de l'ancienne mairerie, détruisant notamment l'ancien corps de logis donnant sur la rue des Ayres tout en conservant la cour, la tour et la galerie à arcades. Le logement de fonction du maire est transféré, après la vente, à l'hôtel de Nesmond, rue Porte-Dijeaux, acquis grâce à la vente de la mairerie et devenu ensuite logement du gouverneur de province. Au XIXe et au début du XXe siècle l'ancien corps de logis est détruit et remplacé par des immeubles. La ville de Bordeaux restaure le presbytère et la galerie en 1967 ; le bâtiment numéro 20, appartenant à la ville et réaménagé la même année, subsiste parmi les constructions issues des transformations. L'Ancienne mairerie est partiellement inscrite aux Monuments historiques ; les éléments retenus comprennent les galeries de circulation, les façades et toitures du presbytère situé entre la cour et le jardin, la travée du balcon et la toiture correspondante de l'immeuble dans la partie ouest de la cour, ainsi que les façades et toitures de l'ancienne cuisine et de la tourelle d'angle édifiée dans l'ancien jardin. Ces éléments ont été jugés d'"intérêt d'art suffisant" en raison de la rareté et de la qualité de l'architecture, notamment la galerie sur trois niveaux avec ordres antiques superposés. Conformément à l'inscription, les propriétaires doivent informer l'architecte des Bâtiments de France au moins quatre mois avant toute modification d'une partie ou du monument. Le monument appartient à la ville de Bordeaux et l'association dominicaine Stella, le Couvent des Dominicains, en est l'emphytéote depuis 1968.