Origine et histoire
La maison dite « La Synagogue », située au 3 rue de l'Abbé-Aury dans le centre d'Hérisson (Allier), est un édifice médiéval d'importance patrimoniale. Son appellation traditionnelle n'indique pas une fonction religieuse ; selon Térence Le Deschault de Monredon, elle pourrait tenir son nom d'une occupation protestante pendant les guerres de Religion. On ignore l'identité exacte du commanditaire, qui était toutefois un notable fortuné, peut-être Thierry Larchier d’Hireçon, connu pour avoir fait édifier plusieurs constructions à Hérisson. Bâtie en grès et couverte d'un toit en bâtière, la maison se situe à l'arrière d'une cour accessible par un porche attribué au début du XIVe siècle. Ce porche présente une double arcature en moellons chanfreinés, à prédominance de grès rouge, et s'insère dans un bâtiment de deux étages. L'intérêt patrimonial repose principalement sur un décor peint exceptionnel du début du XIVe siècle et sur la charpente d'origine. Les peintures murales, signalées dès 1889 par Pierre Gélis‑Didot et Henri Lafillée, couvrent les pignons nord‑ouest et sud‑est au niveau des combles et sont dans un état globalement satisfaisant. Sur le pignon nord, deux registres superposés montrent en bas deux cavaliers séparés par une dame tenant un étendard dans chaque main, et en haut le combat d'un centaure contre un hybride mi‑humain mi‑dragon. Du côté sud, la hotte et le conduit d'une cheminée contemporains des peintures occupaient la partie centrale du pignon ; des percements ultérieurs ont ouvert deux petites fenêtres de part et d'autre et ont effacé une grande partie du registre inférieur, tandis qu'au registre supérieur un dragon, à gauche du conduit, est très bien conservé. La charpente conserve des décors héraldiques peints sur les entraits et poinçons des deux fermes maîtresses, ainsi que sur des couvre‑joints subsistant sur certains chevrons, et quelques vestiges de lambris reposant sur ces chevrons. Une fenêtre à quadruple arcature en plein cintre, antérieure à la maison actuelle et apparemment réemployée depuis le milieu du XIIIe siècle, a été démontée en 1927 puis exportée aux États‑Unis, où elle a été réutilisée dans une chapelle de la région de Philadelphie. La datation dendrochronologique de la charpente situe la construction au début du XIVe siècle. L'édifice a été profondément remanié par la suite : au XVIe siècle il a été fortement réduit, perdant les deux tiers de sa superficie du côté nord‑ouest, et, après avoir comporté une camera correspondant à la partie peinte et une aula disparue de superficie double, il a ensuite été divisé en hauteur. En 2020 la maison, inoccupée depuis une douzaine d'années, a été héritée par une famille attentive à son intérêt patrimonial, qui s'est engagée dans son étude et sa sauvegarde ; elle a été acquise à la fin de 2022 par le conseil départemental de l'Allier, qui a passé une convention avec l'association Hérisson 1300 pour organiser des visites. L'ensemble de la maison a été inscrit aux Monuments historiques par arrêté du 19 avril 2021.
