Origine et histoire de la Maison à empilage de poutres
Ces maisons à empilage de poutres présentent un intérêt ethnologique : ce type de construction a été mis en œuvre du XIVe au XVIIe siècle. Il s’agit d’habitations du Nord-Agenais bâties par empilement de rondins équarris, dans un pays de bois situé à la limite du Périgord. Le repérage de ce modèle a commencé en 1971 par François Fray, puis une équipe de l’association des Amis du Pastourais en a recensé 53 au total. Elles se concentrent autour des cantons de Villeréal et de Castillonnès et se diffusent vers Issigeac, Villeneuve-sur-Lot et Marmande, les exemples les plus nombreux se rencontrant dans les vallées du Dropt et du Tolzac. Des datations dendrochronologiques ont montré que ces maisons ont été construites entre le dernier quart du XVe siècle et le début du XVIe siècle. Plusieurs d’entre elles ont été protégées au titre des monuments historiques.
La dénomination « maison à empilage » découle des premiers observateurs et reste liée à l’aire étudiée : en 1903 Jules Momméja compare à Telemark (Norvège) une demeure de Saint-Pierre-de-Nogaret et parle de « structure par empilage », et François Fray, dans un article intitulé « Constructions en empilage dans le nord de l’Agenais », popularise ensuite l’expression « maisons à empilage ». Cette appellation n’est pas utilisée partout pour désigner la construction en rondins empilés ; en Savoie et en Dauphiné, Henri Raulin emploie l’expression canadienne « pièce-sur-pièce ».
Le contexte historique explique en partie l’apparition et la diffusion de ce mode de construction : après la bataille de Castillon en 1453 et la fin des hostilités, l’Agenais et le Périgord, régions dévastées par la guerre de Cent Ans, nécessitent un repeuplement. Deux vagues d’implantation sont mentionnées : la première entre 1472 et 1485 entre Garonne et Dordogne, la seconde entre 1515 et 1530 sur les rives du Dropt, touchées par une peste. Les nouveaux habitants proviennent de zones limitrophes, essentiellement du Massif central (Rouergue, Quercy noir, Auvergne, Limousin), tandis que pour les rives du Dropt des familles viennent du Poitou. Pour favoriser ces arrivées, seigneurs et abbés cèdent des terres à condition qu’elles soient défrichées et que le preneur y construise une maison.
Les commissions régionales et la commission supérieure des monuments historiques ont reconnu l’intérêt ethnologique et archéologique de ces constructions et ont inscrit ou classé sept maisons entre le 14 février 1991 et le 26 janvier 1992. En Lot-et-Garonne figurent notamment la maison à empilage de poutres de Saint-Dizier (Cavarc, inscrite), la maison et l’appentis de Peyregras (Mazières-Naresse, classés), la maison d’Esquirol (Montastruc, inscrite), la maison de Lonzaygues (Rives, classée) et la maison du Buzard (Ségalas, inscrite à l’exception des éléments récents). En Dordogne, la maison et la grange à empilage de poutres de Saint-Germain (Sainte-Sabine-Born) sont classées, sauf l’appentis, et la commune compte également d’autres exemples mentionnés dans l’Inventaire général du patrimoine culturel.