Maison à empilage de poutres d'Esquirol à Montastruc dans le Lot-et-Garonne

Patrimoine classé Maison classée MH Maison à empilage de poutres Maisons à pans de bois

Maison à empilage de poutres d'Esquirol à Montastruc

  • D124 Esquirol
  • 47380 Montastruc
Crédit photo : MOSSOT - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Patrimoine classé

La maison (cad. YB 60) : inscription par arrêté du 19 février 1991

Origine et histoire de la Maison à empilage de poutres d'Esquirol

La maison à empilage de poutres d'Esquirol présente un plan rectangulaire, avec un rez-de-chaussée réalisé par empilage de madriers assemblés aux angles à mi-bois et un étage en pans de bois enduits de torchis. Le rez-de-chaussée était accessible par des portes au nord et au sud ; la disposition des baies de l'étage a été modifiée. La charpente repose sur une ceinture formée de deux madriers superposés, assemblés aux angles à mi-bois au‑dessus du solivage. L'aménagement intérieur ne comprenait qu'une pièce unique, autrefois chauffée par une grande cheminée aujourd'hui démolie. L'édifice paraît antérieur au XVIIIe siècle ; l'analyse de la qualité et de la section des bois à l'étage a conduit à proposer une construction entre le XVIe et le XVIIe siècle, et les ouvertures semblent avoir été remaniées au XVIIIe lors d'un agrandissement du logis vers le sud. Repérée lors de l'inventaire thématique réalisé par François Fray en 1971, la maison d'Esquirol a été inscrite en 1991 sur la liste supplémentaire des monuments historiques pour son intérêt ethnologique, en raison de la rareté et de l'ancienneté de ce type d'édifice rural. Un petit hangar moderne, accolé à l'est, a été démoli récemment.

Les maisons à empilage de poutres du Nord‑Agenais constituent un ensemble régional construit par empilage de rondins équarris, lié à un territoire boisé situé à la limite du Périgord. Leur repérage a commencé en 1971 par François Fray puis a été poursuivi par une équipe de l'association des Amis du Pastourais, qui en a dénombré 53 au total. Ces maisons se concentrent autour des cantons de Villeréal et de Castillonnès, avec une diffusion vers Issigeac, Villeneuve‑sur‑Lot et Marmande ; les exemples les plus nombreux se rencontrent dans les vallées du Dropt et du Tolzac. La chronologie reste discutée : on a proposé une mise en œuvre de ce type de construction du XIVe au XVIIe siècle, tandis que des études dendrochronologiques ont daté certains bois entre le dernier quart du XVe siècle et le début du XVIe siècle. Plusieurs exemplaires ont été inscrits ou classés au titre des monuments historiques, les commissions reconnaissant leur intérêt ethnologique et archéologique.

La dénomination « maison à empilage » s'est imposée progressivement sous l'effet des découvreurs et des travaux régionaux : Jules Momméja, dès 1903, compara une demeure locale à une maison de bois empilé de Telemark en Norvège, et François Fray publia, dans les années 1970, un article intitulé « Constructions en empilage dans le nord de l'Agenais », expression qui a donné le nom courant. Ce vocable reste cependant lié à l'aire étudiée ; d'autres régions emploient d'autres termes, comme « pièce‑sur‑pièce » en Savoie et Dauphiné selon Henri Raulin.

Le contexte historique régional aide à comprendre l'extension de ce type d'habitat : après la bataille de Castillon et le retour de la paix, l'Agenais et le Périgord, fortement dépeuplés et ravagés par la guerre de Cent Ans, ont connu des vagues de repeuplement. En Agenais, des migrations organisées ont eu lieu entre la Garonne et la Dordogne puis sur les rives du Dropt, attirant des familles venues surtout du Massif central et, pour le Dropt, du Poitou. Pour favoriser l'installation, seigneurs et abbés ont concédé des terres sous condition de défrichement et de construction d'une maison, ce qui a favorisé la diffusion d'habitat en empilage dans la région. Entre le 14 février 1991 et le 26 janvier 1992, sept de ces maisons ont été inscrites ou classées au titre des monuments historiques, parmi lesquelles des exemples en Lot‑et‑Garonne et en Dordogne, notamment à Cavarc, Mazières‑Naresse, Montastruc, Rives, Ségalas et Sainte‑Sabine‑Born.

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