Maison à empilage de poutres de Lonzaygues à Rives dans le Lot-et-Garonne

Maison à empilage de poutres de Lonzaygues

  • 47210 Rives
Propriété privée

Période

XVIe siècle

Patrimoine classé

Maison (cad. C 55) : classement par arrêté du 26 janvier 1998

Origine et histoire

La Maison à empilage de poutres de Lonzaygues, située à Rives, est un exemple remarquable des maisons à empilage et est classée au titre des monuments historiques. Ce type de construction, d'intérêt ethnologique, associe l'empilage de madriers au rez-de-chaussée à la construction à colombages pour l'étage. L'édifice présente un plan rectangulaire avec un rez-de-chaussée et un étage carré entourés de galeries sur les quatre côtés. Le rez-de-chaussée est composé de madriers empilés, assemblés aux angles à mi-bois et reposant sur des blocs de silex. Des traces montrent que ce niveau a été construit seul à l'origine : la cheminée y a été condamnée lors de l'élévation de l'étage. L'étage est à pans de bois et torchis, tandis que les galeries sont soutenues par de gros poteaux eux aussi posés sur des blocs de silex. Les maisons à empilage de poutres du Nord-Agenais constituent un ensemble régional, implanté dans un pays de bois à la limite du Périgord. Leur repérage moderne a commencé en 1971 avec François Fray, puis a été poursuivi par l'association des Amis du Pastourais, qui en a dénombré 53. Elles se concentrent surtout autour des cantons de Villeréal et de Castillonnès, avec une diffusion vers Issigeac, Villeneuve-sur-Lot et Marmande ; les exemples les plus nombreux se rencontrent dans les vallées du Dropt et du Tolzac. Si la typologie couvre une période étendue, l'étude dendrochronologique des bois a daté la plupart de ces maisons entre le dernier quart du XVe siècle et le début du XVIe siècle. L'appellation « maison à empilage » a été forgée par les premiers chercheurs : Jules Momméja évoquait déjà en 1903 une « demeure de bois empilé de Telemark » et François Fray a popularisé ensuite l'expression « constructions en empilage », qui s'est imposée pour l'aire étudiée. Cette dénomination n'est toutefois pas adoptée partout ; pour la Savoie et le Dauphiné, Henri Raulin emploie l'expression « pièce-sur-pièce ». Le contexte historique éclaire la diffusion de ce mode d'habitat : après la bataille de Castillon et la paix qui s'ensuivit, l'Agenais et le Périgord, dévastés par la guerre de Cent Ans, ont été repopulés au moyen d'immigrations successives. Deux vagues principales ont été repérées — l'une entre 1472 et 1485 dans la zone entre Garonne et Dordogne, l'autre entre 1515 et 1530 sur les rives du Dropt —, avec des familles venues essentiellement du Massif central et, pour le Dropt, du Poitou. Pour attirer ces populations, seigneurs et abbés ont concédé des terres à condition de les défricher et d'y bâtir une maison, ce qui explique en partie l'essor de cette construction. Les commissions régionales et la commission supérieure des monuments historiques ont reconnu l'intérêt ethnologique et archéologique de ces maisons en inscrivant ou classant plusieurs d'entre elles entre 1991 et 1992 ; dans le Lot-et-Garonne, figurent notamment des exemples à Cavarc, Mazières-Naresse, Montastruc, Rives (Lonzaygues) et Ségalas, et en Dordogne des dossiers autour de Sainte-Sabine-Born. Plusieurs de ces bâtiments font l'objet d'études et de publications spécialisées qui documentent leur répartition, leurs techniques et leur histoire.

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