Origine et histoire
La maison dite de la Sirène, également appelée auberge des Trois Marchands ou immeuble Chesnel — du nom de Virginie Chesnel, qui y a vécu d'environ 1906 à 1963 — est la dernière maison à pans de bois du XVe siècle à Avranches (Manche, Normandie). Elle se situe place du Marché, à l'angle de la rue Boudrie et dans le prolongement de la rue des Chapeliers. L'existence de la place du Marché est attestée depuis le XIIe siècle; l'emplacement de la maison appartenait aux chanoines prémontrés de l'abbaye de La Lucerne, qui y organisaient le commerce. Au Moyen Âge, les revenus des emplacements alloués aux marchands avaient été donnés à ces chanoines par Hasculphe de Subligny, seigneur de l'Avranchin. Il semblerait que la maison ait été vendue comme bien national à la Révolution; à cette époque, les fenêtres du rez-de-chaussée, de style Directoire, auraient été modifiées et existent toujours. Le bâtiment appelé Auberge des Trois Marchands, dont le premier témoignage figure sur le recensement de 1881, correspond en réalité à l'immeuble voisin, aujourd'hui occupé par le bar N°1. Datée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, la maison a été acquise par la mairie d'Avranches auprès de Mademoiselle Lemaistre en 1883 dans le but de l'abattre pour agrandir la place. Pendant près d'un siècle, plusieurs projets de démolition furent envisagés sans aboutir pour des raisons locatives, financières, techniques ou administratives. Dans les années 1970, l'abbé Marcel Lelégard plaida pour sa sauvegarde, estimant qu'il convenait de préserver l'un des derniers témoins architecturaux du Moyen Âge et rappelant son ancien lien avec l'abbaye de La Lucerne. En 1972, l'architecte Jean Le Berre acheta le bâtiment et entreprit les premières rénovations, notamment la toiture et la façade, et fit construire une lucarne inspirée de la lucarne à l'artichaut du Mont-Saint-Michel. Après le décès de Jean Le Berre, Bernard et Véronique Des Robert poursuivirent les travaux et y installèrent une Maison de l'Artisanat de 1984 aux années 2000. En 2023, la maison est devenue un café-concert tenu par Cyril Carbonne et Louise Walspeck, qui lui ont redonné son nom de jeune fille, la Sirène. Elle fait l'objet d'un important programme de rénovation mené en partenariat avec les services des Monuments historiques, l'UDAP et la DRAC. Les façades et les toitures donnant sur la rue sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 7 décembre 1970.