Origine et histoire
L'existence d'une maison sur une longue parcelle close de murs, bordée par le Thérain, est attestée depuis 1560. Pendant plusieurs générations, elle appartient à de riches marchands drapiers et passe d'activités agricoles — élevage, verger, viticulture — à l'usage de résidence secondaire. Démolie en 1590, comme une grande partie du faubourg Saint-Jacques pour des raisons militaires liées aux guerres de Religion, elle est reconstruite au tout début du XVIIe siècle. Le bâti évolue ensuite avec l'adjonction, selon les époques, d'étables, de granges, d'un colombier et d'un poulailler ; certaines de ces annexes sont transformées en habitations aux XVIIIe et XIXe siècles. La maison actuelle semble composée de trois parties datables de périodes différentes. La plus ancienne, à l'angle de la rue Odet-de-Châtillon, pourrait conserver une cave et des fondations du XVIIe siècle, issues des reconstructions après la démolition du faubourg. Les élévations de cette partie et de la maison centrale ont probablement été restaurées à la toute fin du XVIIIe siècle, après une période de relatif abandon entre 1750 et 1790. La partie à l'angle de la rue Saint-Jacques paraît plus tardive et est attestée dans sa configuration actuelle depuis les années 1870. Ces trois unités sont homogénéisées par une construction mixte : structure en pans de bois et hourdis de torchis reposant sur un soubassement en moellons de silex, pierre et brique. La façade arrière, donnant à l'origine directement sur le cimetière de l'église Saint-Jacques de Richebourg, est relativement simple et standardisée avec des bois longs, des poteaux de fond, des sablières uniques et une ossature en grille à panneautage régulier. En revanche, la façade sur jardin est ornée de motifs de guettes et de chevrons qui soulignent élégamment les travées. À Beauvais, les pans de bois constituent le dispositif de construction le plus fréquemment employé jusqu'au XIXe siècle. Aux riches maisons intra-muros, à étages, en encorbellement et pourvues de décors sculptés, répondent dans le faubourg Saint-Jacques des maisons plus basses, modestes et pourvues de jardins, liées aux activités viticoles et au textile.