Origine et histoire
La Maison Art Nouveau, située au 50 rue de Strasbourg à Vichy, est l’un des rares exemples de « modern style » dans la station thermale. Construite après 1904, au tout début du XXe siècle, elle a été dessinée par son futur propriétaire, Antoine Planchin, originaire de Nancy, et est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1987. Implantée dans une rue résidentielle presque entièrement occupée par des villas néo‑classiques, la maison se présente en léger retrait et développe quatre niveaux : un sous‑sol côté rue qui devient rez‑de‑jardin côté jardin, un rez‑de‑chaussée légèrement surélevé, un premier étage avec balcons et un étage sous combles. La distribution intérieure suit le modèle courant des villas destinées à la location pendant la saison thermale : la porte d’entrée ouvre sur un vestibule desservant un salon côté rue ainsi qu’une salle à manger et une cuisine côté jardin, la salle à manger donnant sur une terrasse protégée par une véranda ; le premier étage comporte quatre chambres. En façade dominent les lignes courbes propres à l’Art nouveau, visibles sur les balcons semi‑circulaires du premier étage et sur les huisseries. Le mur de clôture sur rue est constitué d’un petit bahut percé d’une porte piétonne et surmonté d’une grille en fer forgé aux courbes et contre‑courbes dont les extrémités se terminent en feuillages stylisés ou en pointe ; cette grille, commande réalisée pour l’édifice, a été exécutée à la cire perdue. Un perron hors‑œuvre avec rampe et garde‑corps reprend les motifs de cette grille. Le rez‑de‑chaussée présente, sur la travée gauche, une double porte vitrée ornée de formes sinueuses mêlant bois, ferronnerie et vitraux, et, sur la travée droite, deux fenêtres jumelées ; la partie haute de la porte est garnie de vitraux de couleur et renforcée d’un grillage décoratif, un petit tympan au cintre surbaissé avec petits bois courbes complétant la composition. Au premier étage, deux portes‑fenêtres ouvrent sur des balconnets semi‑circulaires équipés de garde‑corps pansus en ferronnerie qui prennent appui sur les claveaux des arcs inférieurs, eux‑mêmes ornés de motifs végétaux saillants ; les arcs portent aussi des décors floraux et feuillagés. À l’intérieur, le vestibule est pavé de céramique polychrome ; le rez‑de‑chaussée, le salon et la salle à manger sont dotés d’un lambris d’appui, et la cheminée de la salle à manger, en marbre bicolore, est ornée de colonnes ioniques en piedroits. Les ferronneries exhibent les larges fouettés de l’Art nouveau, décorés de cœurs et de feuilles de lilas stylisées, et les bas‑reliefs au‑dessus des portes et fenêtres sont traités dans le même esprit végétal et stylisé. L’encorbellement du pignon du second étage se distingue par une exubérance en forme de poire, tandis que les entourages des portes et fenêtres conservent une forme plus classique.