Origine et histoire de la Maison Bleue
La Maison Bleue, située au 13 rue des Frères-Bisson à Dives-sur-Mer (Calvados), est une œuvre d'art brut réalisée par Euclides Ferrera da Costa entre 1957 et 1977. Euclides Ferrera da Costa, maçon né en 1902 à Vilarinho (Vila do Conde) et arrivé en France en 1924, a obtenu la nationalité française en 1947. Il acheta le terrain de 300 m2 en 1950, non loin de l'ancienne usine Tréfimétaux où il travailla quelques années. Atteint de tuberculose et bénéficiaire d'une pension d'invalidité dès 1954, il entama son travail artistique trois ans plus tard, en 1957, et décéda le 29 septembre 1984. À partir d'un modeste cabanon, il transforma la maison et le jardin en une mosaïque à ciel ouvert en utilisant des matériaux de récupération — débris de vaisselle, fragments de verre et de miroirs encastrés dans du ciment. La couleur bleue domine l'ensemble, auquel il conféra des influences rappelant les azulejos de son pays natal. Le premier édicule, un mausolée dédié à la chienne Laïka, est daté de 1957–1958 ; il fut suivi d'une quinzaine d'autres constructions miniatures — chapelles, églises, moulins et grottes — dispersées dans le jardin. Le décor privilégie un bestiaire sans figures humaines, avec oiseaux, papillons et cerfs, ainsi que des motifs géométriques menant aux chapelles. Parmi les réalisations religieuses figurent des édifices consacrés au Sacré-Cœur, à Sainte-Rita-de-Cascia, à Sainte-Thérèse et à Notre-Dame de la Délivrande ; la représentation de Notre-Dame-de-Lourdes mesure environ 3 m sur 2 m, avec quatre fenêtres, un clocher et une grotte. Les éléments profanes comprennent notamment le monument à Laïka, d'environ 3 m de haut et évoquant les premiers niveaux de la Tour Eiffel avec un spoutnik sur sa partie supérieure, ainsi que une Tour Eiffel et deux moulins, l'un grand et l'autre petit. L'extérieur de la maison a été entièrement investi par la création ; un portique mosaïqué assure la transition entre intérieur et extérieur, tandis que des murs de clôture, comme le « mur aux cerfs », sont également décorés. Des statues naïves ornaient les chapelles ; après des vols, elles furent remplacées par des photographies à taille réelle pour préserver l'effet visuel souhaité. En fin de vie, da Costa réalisa de petits objets qu'il céda ou vendit, et il demeura amer de n'avoir pas obtenu de reconnaissance de son vivant. La commune acquit la Maison Bleue le 13 décembre 1989, puis l'édifice fut inscrit au titre des monuments historiques le 26 novembre 1991. L'ensemble, reconnu comme un témoignage exceptionnel de l'Art brut en Normandie, reste fragile et nécessite des mesures de conservation. Des interventions ont déjà été menées : une structure métallique de protection contre les eaux de pluie a été installée en 2005, et des travaux de restauration pour le monument à Laïka et le Sacré-Cœur ont été réalisés en 2011 avec le concours de l'association La Maison Bleue, de la Fondation du patrimoine, de mécènes et de collectivités. Certaines parties demeurent néanmoins vulnérables, notamment l'élément consacré à Notre-Dame de la Délivrande. En 2019, le site a été retenu dans le cadre de la mission Bern pour le loto du patrimoine, en vue de sa préservation.