Origine et histoire
Saint Martin de Tours, né à Savaria en Pannonie (actuelle Hongrie) et mort à Candes le 8 novembre 397, est l’un des principaux saints de la chrétienté, vénéré par les Églises catholique et orthodoxe. Sa vie est surtout connue par la Vita sancti Martini rédigée à sa mort par Sulpice-Sévère, texte fondateur de son image hagiographique. Jeune soldat de l’armée romaine, il est resté célèbre pour l’épisode où, à Amiens, il partage son manteau avec un mendiant ; le rêve dans lequel le Christ apparaît vêtu de ce fragment de manteau fonde la vénération de la relique dite « chape » ou « manteau ». Libéré du service militaire, Martin fonda en Gaule le monachisme martinien, créant notamment l’ermitage de Ligugé puis la communauté de Marmoutier, qui devint un centre de formation et d’évangélisation des campagnes. Malgré sa réticence à l’épiscopat, les habitants de Tours l’enlevèrent et le proclamèrent évêque, charge qu’il accepta comme une volonté divine. Évêque itinérant, il sortit largement des murs de la cité pour prêcher en milieu rural, remplacer sanctuaires païens par des églises et fonder des paroisses, contribuant ainsi à l’implantation du christianisme en Gaule. Sa vie est ponctuée de nombreux récits de miracles et d’exorcismes, qui ont renforcé sa renommée populaire. Martin eut aussi des affrontements avec les courants ariens de son époque, subit exils et expulsions, et prit part, par son refus de la peine capitale, à l’affaire de Priscillien. À sa mort, son corps fut amené à Tours où son tombeau devint rapidement un important lieu de pèlerinage ; la chape qui y était conservée donna son nom à la « chapelle ». Le culte de saint Martin se répandit dans toute l’Europe occidentale, il devint le patron de nombreuses églises et villes — Tours, Buenos Aires, Vevey, entre autres — et l’un des saints protecteurs de la France et des dynasties franques. On lui attribue aussi une influence symbolique sur la toponymie et le vocabulaire religieux, la cape du saint étant portée en bannière et liée à l’origine du mot « chapelle » et, selon certaines traditions, à celle du nom Capet. Sa mémoire liturgique est célébrée principalement le 11 novembre dans l’Église catholique (la commémoration du 4 juillet étant devenue locale), tandis que l’Église orthodoxe le fête le 12 octobre. La Saint-Martin donne lieu, en Europe, à des traditions populaires variées : processions aux lanternes, feux de joie, défilés d’enfants et spécialités culinaires comme l’oie rôtie ou des pâtisseries locales. Tours demeura longtemps le principal centre de son culte, avec une basilique érigée sur son tombeau qui a connu plusieurs reconstructions et fut au cœur d’un important pèlerinage médiéval. Le rayonnement historique de Martin tient surtout à la création des premiers monastères en Gaule, à la formation de clercs par la voie monastique et à la diffusion d’un modèle ascétique adaptant l’Évangile aux réalités rurales. Aujourd’hui encore, des milliers d’églises et de nombreuses localités portent son nom, et des itinéraires culturels européens retracent sa présence à travers le continent.