Maison carrée à Nay dans les Pyrénées-Atlantiques

Patrimoine classé Maison classée MH Bâtiment Renaissance

Maison carrée à Nay

  • Place de la République 
  • 64800 Nay
Maison carrée à Nay
Maison carrée à Nay
Maison carrée à Nay
Crédit photo : LANNEGRAND - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Frise chronologique

Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
1500
1600
1700
1800
1900
2000
1543
Incendie et acquisition
1569
Saisie par Jeanne d'Albret
XVIe siècle
Construction initiale
1702
Tenue des États du Béarn
XVIIe siècle
Appellation « maison Bonasse »
1994-1998
Restauration majeure
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Maison carrée ou de Jeanne d'Albret : classement par liste de 1862

Personnages clés

Pedro Sacaze Riche commerçant, propriétaire initial de la parcelle.
Marie Sacaze Fille de Pedro Sacaze, transmit la fortune pour la construction de la maison.
François de Béarn Gendre de Pedro Sacaze, initiateur de la construction de la maison.
Jeanne d'Albret Reine de Navarre, confisqua la maison en 1569.
Charles Groët Architecte ayant présenté un projet de redessin en 1840.

Origine et histoire de la Maison carrée

Maison carrée ou de Jeanne d'Albret

Édifice civil de la Renaissance élevé au XVIe siècle à Nay, la Maison carrée s'organise entre la place, une cour et un jardin ; la cour est bordée au nord par des galeries voûtées sur quatre niveaux desservis par un escalier. De nombreux éléments de charpente et de second œuvre des XVIe et XVIIe siècles subsistent encore, dont la charpente du logis sur rue, la balustrade en bois de la galerie nord, quelques cheminées, planchers et plafonds. Cette maison tient son nom non d'un lien avec la Maison carrée de Nîmes, mais vraisemblablement du rapport de proportion de sa façade — hauteur égale à la longueur — et des ouvertures carrées de son portique.

La parcelle appartenait à Pedro Sacaze, riche commerçant actif dans le commerce avec l'Espagne et en relations avec le négoce toulousain. Sa fille Marie Sacaze transmit la fortune qui permit à son gendre, François de Béarn, sire Bonasse, d'entamer la construction d'une demeure sur un emplacement incendié en 1543. François de Béarn, parti du camp catholique, dut quitter Nay lors du siège mené par Jeanne d'Albret en août 1569 ; la reine de Navarre fit saisir les biens des rebelles, et la maison passa brièvement sous sa propriété, d'où l'appellation « Maison de Jeanne d'Albret ». Après la mort de la reine en 1572, les biens saisis furent vendus et il semble que Marie Sacaze ait retrouvé la maison, puisqu'elle payait le cens en 1581. Le nom de « maison Bonasse » apparaît dans les documents du XVIIe siècle, et la bâtisse conserva assez de prestige pour accueillir la tenue des États du Béarn en 1702.

Au XVIIIe siècle la Maison carrée amorça un déclin. Menacée de démolition en 1838, elle fit l'objet d'un projet de redessin par Charles Groët présenté en 1840 ; l'accès exceptionnel à la cour, d'où elle avait été transformée en dépotoir, permit alors de constater l'état de dégradation des galeries et du bâtiment séparant la cour du jardin. Après l'acquisition par la municipalité, la restauration et l'étude de l'édifice devinrent possibles, malgré un important dévers visible sur la façade de rue et un portail d'entrée longtemps fermé.

L'architecture intérieure présente des éléments inachevés qui tiennent sans doute à la mort du capitaine Bonasse au siège de Tarbes en 1570 et à la confiscation de ses biens ; l'origine précise de la galerie intérieure reste toutefois mal documentée. La maison résulte de l'assemblage de deux lots — l'est, anciennement à Pedro Sacaze, et l'ouest, acquis en 1550 après l'incendie de 1543 — et constitue un exemple remarquable d'hôtel particulier de la Renaissance, plus proche d'un petit palais que d'une maison de ville. L'entrée principale, logée dans une tour-escalier construite en façade, était autrefois surmontée d'armoiries connues par des dessins d'archives montrant un fronton triangulaire et une tête d'ange tenant un écusson. La tour, qui était coiffée d'un pigeonnier réservé aux nobles, confère à l'escalier une allure monumentale. L'appartement supérieur comprend deux grandes pièces, dont la principale possède une cheminée sculptée d'angelots, et le dernier corps de logis, entre cour et jardin, s'étage sur trois niveaux très lumineux. La distribution intérieure reste partiellement inconnue, mais la cuisine se situe vraisemblablement au rez-de-chaussée et conserve des motifs de mosaïques de galets formant losanges, spirales et cœurs ; une cave de conservation et un puits privatif témoignent d'un certain confort, tandis que le chauffage se faisait par une cheminée par pièce.

À l'extérieur, la maison combine pierre de taille et éléments en bois : après la saisie de 1569, Marie Sacaze aurait vraisemblablement fait achever l'édifice en complétant la façade par des parties en bois prévues initialement en pierre. L'architecte a privilégié des signes de prestige — colonnades, ordonnances de façade, larges fenêtres à meneaux et un appareil en pierre de taille — et le verre, matériau coûteux, occupe une place importante dans la composition. Une sculpture centrale représentant une vache avec sonnaille, endommagée sans doute lors des guerres de Religion, demeure encore perceptible sur la façade sur rue. La grande porte cochère marque la séparation entre l'intérieur calme et l'extérieur animé, et des loggias d'inspiration italienne renforcent la magnificence du lieu. Les deux corps de bâtiment s'organisent autour d'une cour intérieure à la manière d'un patio, le corps de fond étant conçu pour mieux éclairer les pièces, innovation pour une maison noble en Béarn ; deux pièces du rez-de-chaussée servaient de boutiques. Sur la façade de cour, au-dessus du porche, deux médaillons encadrent probablement la marque du marchand et représenteraient Pedro Sacaze et son épouse. Les reliefs et moulures, ainsi que des cannelures de colonnes volontairement inachevées, créent un riche jeu d'ombres et de lumières.

La ville de Nay acquit la Maison carrée en 1990 et une campagne de restauration conduite de 1994 à 1998 sous la direction des Monuments historiques a permis d'enlever les constructions parasites du XXe siècle, de remettre à nu l'appareil des murs, de refaire les enduits et de restaurer l'extérieur et l'intérieur, notamment meneaux, colonnes, cheminées, sols et plafonds ; la structure a été consolidée et un bâtiment annexe a été ajouté pour les réserves et bureaux. La restauration a reçu en 1998 le premier prix national de restauration.

Aujourd'hui la Maison carrée abrite un musée d'exposition qui conserve les collections du Musée de l'Industrie du Pays de Nay, consacrées aux productions et usages du textile et de l'ébénisterie, et détient en réserve plus de 2 000 objets et documents liés à l'histoire industrielle et au monde rural, dont la collection de l'ancien Musée Pastoral de Saint-Pé-de-Bigorre.

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