Origine et histoire de la Maison Cavaignac
La maison dite Cavaignac, située 15 rue du Docteur‑Massénat à Brive‑la‑Gaillarde, est l'ancien logis de la supérieure du couvent des Clarisses fondé en 1243 par les vicomtes de Turenne. Le couvent d'origine se trouvait hors des murailles, dans le faubourg Champanatier ; ses bâtiments furent sans doute détruits pendant les guerres de Religion, probablement en 1587, et les religieuses s'installèrent alors à l'intérieur de l'enceinte. Le bâtiment actuel, édifié après ces destructions, se compose de deux corps de logis formant un angle droit et reliés par une tourelle d'escalier en vis ; ces ailes encadrent une cour et une galerie basse dont trois arcatures ouvraient sur le cloître. Un jardin était adossé aux anciens fossés de la ville. Ruinées par la faillite de Law, les religieuses furent réunies aux bénédictines de Bonnesaigne en 1760 et, avant la Révolution, l'abbesse fit édifier une maison le long du boulevard du Salan. Expulsées en 1791, elles virent leur couvent saisi comme bien national ; une partie des locaux fut convertie en maison de détention pour femmes entre 1792 et 1793, puis l'ensemble vendu par lots. Un plan de 1792 décrit la configuration des bâtiments : au nord le logis en équerre aujourd'hui appelé maison Cavaignac ; à l'ouest une maison médiévale de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle, détruite en 1960 ; au sud‑ouest, le long de la rue Blaise‑Raynal, un corps de logis présentant des baies du XIIIe siècle et qui reçut au XVIIe siècle un grand escalier ; à l'est la maison de l'abbesse bordant le boulevard. En 1796, la municipalité perça une voie à travers les bâtiments, d'abord nommée rue Claire ou Sainte‑Claire puis rue Docteur‑Massénat, entraînant la destruction de la chapelle et de la cour du cloître. Le bâtiment nord fut acquis par Jean‑Baptiste Cavaignac, puis accueillit le petit séminaire avant que celui‑ci ne s'installe à l'hôtel Labenche ; il a ensuite conservé des fonctions d'enseignement avant de devenir musée municipal, connu sous le nom de musée Rupin en l'honneur d'Ernest Rupin, et d'être transféré à l'hôtel Labenche en 1989. L'élargissement de la rue Sainte‑Claire en 1897 entraîna la démolition de l'ancien parloir et la modification des ouvertures du rez‑de‑chaussée : la porte d'accès à l'escalier fut remplacée par une fenêtre, de nombreuses baies furent reprises et certaines lucarnes remaniées. Sur le pignon côté jardin fut remonté le portail de la chapelle du couvent des Franciscains ou Cordeliers, daté des années 1300, après la destruction de ce couvent place Thiers vers 1930. La maison à l'angle de la rue du Docteur‑Massénat et de la rue Blaise‑Raynal a été restaurée en 1983‑1984 puis vendue en appartements ; lors de ces travaux l'escalier du XVIIe siècle et une frise sculptée de feuillages ont été détruits. Après le déménagement du musée, le bâtiment a été restauré et est en cours de rénovation pour accueillir les archives municipales, tandis que la maison du boulevard du Salan abrite l'école municipale de musique. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 9 février 1927.