Origine et histoire de la Maison d'Adam et Ève
La maison dite d'Adam et Ève ou de l'Arbre-de-Vie est une demeure à colombages située au cœur d'Angers, au croisement de la rue Montault et de la place Sainte-Croix, juste derrière la cathédrale. Elle est l'un des rares témoignages encore visibles du patrimoine médiéval de la ville et accueille aujourd'hui la Maison des artisans d'Angers. Le terrain appartient à la famille Lefèvre depuis au moins le début du XVe siècle ; en 1415, Pierre Lefèvre y déclare un logis dit du Minage. Une datation par dendrochronologie place la construction de la maison peu après 1491, ce qui correspond à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, et les archives évoquent un apothicaire, Jean Lefèvre ou Jean Lebreton, comme possible commanditaire. Elle reste dans la famille en 1526, puis, au milieu du XVIe siècle, devient la propriété du marchand Jacques Richard, qui la relie alors à la maison d'Adam voisine par une porte de communication encore visible dans la cour. Par la suite, la maison est occupée par plusieurs notables angevins, parmi lesquels Jean Jolivet, marchand de drap de laine, puis Michel Adam, gendre de Jolivet. Lors de la Révolution, les figures d'Adam, d'Ève et du serpent sont détruites, n'ayant laissé en place que le pommier ; en 1834, le chroniqueur Jacques-André Berthe signale l'intérêt architectural du bâtiment tout en déplorant les vandalisations révolutionnaires et les remaniements intervenus depuis 1814. Les façades et le bâtiment sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 28 septembre 1922. Des chantiers de restauration commencent en 1951 ; la façade sur rue fait l'objet d'une restauration générale en 1994 sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Gabor Mester de Parajd, qui reconstruit sa partie haute. Le bâtiment a fait l'objet d'une nouvelle rénovation entre 2022 et 2025, pilotée par Soclova et financée à hauteur de trois millions d'euros. En 2005, la cave a perdu une partie de sa voûte lors de son aménagement en magasin en liaison avec la maison d'Adam. La maison occupe un terrain d'angle d'environ 8 mètres sur 10 et comprend un rez-de-chaussée surmonté de trois étages, deux niveaux de combles et un sous-sol voûté en berceau, soit six niveaux au total. La façade principale, sur la place Sainte-Croix, se termine par un large pignon ; la toiture se compose de deux longs pans dont l'un porte deux grandes lucarnes donnant sur la rue Montault. La façade en pan de bois présente un panneautage à losange dont les hourdis étaient à l'origine en briques, ainsi qu'une profusion de poutres et d'ornements sculptés. Les cloisons intérieures sont d'origine, tandis que l'escalier et sa cage en pan de bois, reconstruits au même emplacement, semblent plus tardifs et datent vraisemblablement de la fin du XVIe ou du XVIIe siècle, selon leur structure à deux noyaux. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, le pignon sur rue est supprimé et l'élévation postérieure est remaniée puis surélevée d'un troisième étage. Le décor sculpté illustre le type de demeure des riches marchands de la fin du XVe siècle : la façade à colombages est richement travaillée, avec de nombreuses sculptures religieuses et profanes, des personnages pittoresques — un couple d'amoureux, un centaure — et des figures comme le père Tricouillard représenté en plaisantin au pantalon baissé. Une sculpture soutient la tourelle d'angle et représente un « arbre de vie » autour duquel se trouvaient autrefois les personnages d'Adam et d'Ève.
