Origine et histoire de la Maison d'arrêt
L'ancienne prison de Mont-de-Marsan se situe au 4 rue Armand-Dulamon, dans le centre-ville. Elle fait partie d'un ensemble néo-classique aménagé au XIXe siècle par l'ingénieur David-François Panay, qui a réalisé la partie Est entre 1807 et 1809, tandis que la partie Ouest a été édifiée par Arthaud entre 1820 et 1823. Selon certaines sources, la construction s'achève en 1809. La partie Est, qui abrite le pavillon d'entrée, présente une façade renforcée aux angles par de massives chaînes en fort bossage et couronnée d'une corniche très débordante. Au rez-de-chaussée, une baie à arc segmentaire composée de claveaux en fort bossage, flanquée de deux fenêtres grillagées, donne accès à une porte en bois épaisse encadrée de gros anneaux de fer, surmontée de deux sommiers et d'une clé. L'aspect de la partie Ouest est plus sobre : au rez-de-chaussée trois baies aveugles à sommet cintré sont soulignées par un bandeau horizontal au niveau des impostes, et une corniche sépare ce niveau du premier étage percé de trois fenêtres rectangulaires. La prison a été construite sur l'emplacement de l'ancien couvent des Ursulines, dans le prolongement de la caserne de gendarmerie, et sa façade s'inspire des cachots de Piranèse et des ergastules antiques, adoptant une austérité en rapport avec la politique répressive du Premier Empire. Le préfet Jean-Marie Valentin-Duplantier a vanté ses qualités fonctionnelles — sûreté, infirmerie évitant les transferts vers l'hôpital et chemin de ronde facilitant la surveillance — et a estimé que l'entrée monumentale devait inspirer crainte et respect, même si ce caractère sévère a d'abord suscité des protestations des riverains, la rue étant bordée de demeures bourgeoises comme l'hôtel Brettes ou la maison Dupeyré. La maison d'arrêt a fonctionné pendant près de deux siècles et a été le lieu d'exécutions publiques : Bernard-Louis Bordes dit Petit-Louis a été exécuté devant la prison le 12 juillet 1923, et l'assassin Étienne Bordus a été le dernier supplicié en public dans les Landes le 24 janvier 1931. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après l'occupation de la ville le 27 juin 1940, une partie de l'établissement a été réquisitionnée par les autorités allemandes pour la détention de Juifs arrêtés dans la région ; les enfants de moins de 16 ans furent séparés et internés à l'hôpital Lesbazeilles. Entre la fin de 1940 et la fin de 1942, environ 230 Juifs ont été internés dans la « section allemande » avant d'être transférés vers Bayonne, Dax puis, à partir du 29 juillet 1942, vers le camp de Mérignac ; après l'occupation de la zone libre, ces détenus y ont souvent séjourné brièvement avant d'être envoyés vers Bordeaux. Lors de la rafle du 11 janvier 1944, des personnes arrêtées à Mont-de-Marsan ont été incarcérées brièvement dans la maison d'arrêt, puis transférées à Bordeaux et au camp de Drancy le 12 janvier, d'où elles ont été déportées à Auschwitz le 3 février 1944 par le convoi n° 67. Le 13 juin 1944, trente et un otages arrêtés à Grenade-sur-l'Adour furent détenus et interrogés à la prison ; un fut libéré le lendemain, sept le 16 juin, vingt-trois furent transférés le 21 juin au fort du Hâ à Bordeaux, et dix-huit d'entre eux furent ensuite déportés au camp de concentration de Dachau, onze y trouvant la mort. Après la libération de Mont-de-Marsan le 21 août 1944, des personnes suspectées de collaboration ont d'abord été internées à la maison d'arrêt avant d'être transférées au lycée Victor-Duruy puis dans un camp aménagé le long de la route de Bayonne. René Discazeaux a été le dernier condamné du département à être décapité dans la cour intérieure de la prison le 17 juin 1947. Désaffectée en 2008 lors de l'ouverture du nouveau centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, l'ancienne maison d'arrêt a été réhabilitée en résidence nommée « Cœur de Ville » en 2019 ; seule la façade d'origine classée a été conservée. La partie gauche de la façade est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 22 décembre 1987, la partie droite de la façade d'entrée et la toiture attenante sont classées par arrêté du 10 avril 1990, et le porche de la partie droite, avec son escalier d'accès et sa porte, est inscrit par arrêté du 28 décembre 2010 ; il s'agit du seul monument classé de Mont-de-Marsan.