Origine et histoire de la Maison de Clemenceau
Immeuble de la seconde moitié du XIXe siècle, il abrite au rez-de-chaussée l'appartement occupé par Georges Clemenceau jusqu'à sa mort en 1929 et ouvert au public comme musée en 1931 au 8, rue Benjamin-Franklin, dans le 16e arrondissement. La Fondation Clemenceau, créée en 1931, ouvrit l'appartement dès la même année et reçut la propriété de l'immeuble en 1939. Avant l'arrivée de Clemenceau, l'immeuble avait servi de garçonnière à l'aristocrate Robert de Montesquiou. Clemenceau s'y installa après l'affaire de Panama, après avoir perdu son siège de député, et y mena une part importante de son activité journalistique ; depuis cet appartement il suivit l'affaire Dreyfus et rédigea pour la défense 665 articles, soit près de 3 300 pages, entre 1899 et 1903. Il y résida pendant ses deux mandats de président du Conseil — responsable du ministère de l'Intérieur entre octobre 1906 et juillet 1909, puis des Armées entre novembre 1917 et janvier 1920 —, refusant d'habiter dans les palais officiels, et il s'y retira après son retrait de la vie politique en 1920 pour travailler à ses dernières œuvres. La propriétaire Mme Morand avait maintenu un loyer modéré et demandé la même chose à ses héritiers, qui mirent cependant l'immeuble en vente en 1926 ; lors de l'adjudication, le bâtiment fut acquis par M. Bacon, conseil à Paris d'un riche entrepreneur d'origine canadienne, James Stuart Douglas, admirateur de Clemenceau, ce qui permit à Clemenceau de rester sur place jusqu'à sa mort le 24 novembre 1929. Après son décès, une fondation fut instituée afin de conserver l'appartement dans l'état où il se trouvait le jour de son décès ; les trois enfants de Clemenceau firent don de tout le contenu de l'appartement. Le musée ouvrit ses portes en 1931 et fut complété en 1937 par une galerie documentaire ; la muséographie de cette galerie a été entièrement renouvelée en 2017 à l'occasion du centenaire de l'arrivée de Clemenceau au gouvernement pendant la Première Guerre mondiale. La fondation fut reconnue d'utilité publique par décret le 7 juillet 1932 et l'appartement ainsi que le jardin furent classés au titre des monuments historiques le 3 mai 1955. Le musée se présente entre le rez-de-chaussée, qui restitue l'appartement de Clemenceau, et le premier étage, consacré aux expositions temporaires ; il est titulaire du label Maisons des Illustres. La plus vaste pièce, ouvrant sur le jardin, était consacrée au travail ; Clemenceau y fit installer par l'ébéniste Gabriel Viardot un grand bureau en forme de fer à cheval. Autour de cette pièce, des rayonnages de livres, des objets et des souvenirs de voyages témoignent de l'éclectisme de ses lectures et de ses goûts artistiques. L'appartement s'ouvre sur un jardin fleuri où il aimait se promener, élever des poules et jardiner, échangeant plantes et conseils botaniques avec son ami Claude Monet. Sa chambre, meublée dans un goût chinois, comportait un autre bureau où il travaillait au petit jour, et une grande salle à manger permettait de recevoir amis et famille. À l'entrée se trouvent la plaque du label Maisons des Illustres et une plaque au fronton indiquant que Clemenceau y demeura jusqu'à sa mort ; la salle à manger et le jardin font également partie des espaces visitables.