Origine et histoire
La maison de contremaître de la société A. André Fils, dite maison Perret, est un pavillon du XXe siècle situé boulevard de Stalingrad à Le Grand‑Quevilly (Seine‑Maritime). Elle a été conçue par Auguste Perret en 1922 et figure parmi ses premières réalisations. La commande comprenait un logement pour le directeur de la raffinerie et des maisons jumelées destinées aux contremaîtres. Ces habitations, de plan rectangulaire et pourvues d’un étage surmonté d’un toit‑terrasse, ont été conçues dans un esprit d’habitat économique susceptible d’être produit en série. Perret a employé le béton armé pour la charpente, l’escalier et les murs extérieurs, le silex pour le soubassement et la brique pleine pour les murs intérieurs, en recourant à des éléments préfabriqués. Destinées aux cadres des Chantiers de Normandie, ces maisons offraient un confort modeste et, à l’origine, n’avaient pas l’eau courante. L’ensemble a fait l’objet de publications dans des revues spécialisées en 1925 et 1926. L’implantation s’inscrit dans l’histoire industrielle locale : la société A. André Fils, autorisée en 1904 à exploiter une raffinerie qui a réellement démarré en 1908, a été remplacée par la Société maritime des Pétroles en 1922 puis absorbée par la Société des Pétroles Jupiter en 1929. Les installations de raffinage sur le site ont été incendiées le 9 juin 1940 avant l’arrivée de l’armée allemande. L’emplacement a ensuite accueilli l’usine de chaudronnerie Van Leer, qui a réutilisé l’ancienne maison du directeur comme locaux du comité d’entreprise et local syndical, tandis que les logements de contremaîtres se trouvent aujourd’hui sur le périmètre d’une usine d’incinération des déchets récemment édifiée sur le site des Chantiers de Normandie. La maison Perret est située sur le site Vesta (unité de Valorisation Énergétique, Site de Tri de l’Arrondissement de Rouen) et abrite aujourd’hui les archives de la collectivité ; elle sert également de local à l’Amicale du personnel et de salle de gestion de crise en cas d’incident sur le site. L’édifice a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 30 septembre 1996 et rénové deux ans plus tard par le SMEDAR. Cette construction présente un intérêt patrimonial pour l’histoire du logement ouvrier et pour les débats sur l’habitat économique au début du XXe siècle.