Origine et histoire de la Maison de George Sand
Le domaine de Nohant, souvent appelé maison de George Sand, comprend un château rectangulaire du XVIIIe siècle élevé au cœur d’un parc planté, entouré de communs et de fermes qui peuvent aussi dater de la même époque. Le bâti actuel a été édifié par Pierre Philippe Pearron, seigneur de Serennes, sur les vestiges d’un ancien castel féodal ; seules deux tours intégrées à la ferme subsistent de la forteresse médiévale. Le village de Nohan est mentionné dès 1228 ; la seigneurie passa par mariages et successions, et le château fut reconstruit et remanié à plusieurs reprises au fil des siècles. En 1767 Pearron fit démolir les remparts et fit bâtir la demeure de style classique qui existe aujourd’hui. Marie‑Aurore Dupin de Francueil, fille naturelle du maréchal de Saxe, acheta Nohant après sa libération sous le 9 Thermidor et l’entoura d’un vaste parc, faisant combler les fossés, abattre les vieux murs qui masquaient l’horizon méridional, planter un bois et créer un potager ; elle fit aussi construire un escalier de pierre pour desservir le premier étage. Aurore Dupin, future George Sand, passa son enfance au domaine sous la tutelle de sa grand‑mère puis en hérita à son décès, faisant de Nohant un lieu central de sa vie et de son œuvre. Passionnée de jardinage et de botanique, elle accueillit de nombreux artistes et musiciens, favorisa la création d’un atelier pour son fils Maurice et fit installer deux théâtres dans la maison, dont un castelet de marionnettes dont Maurice écrivait les décors et fabriquait les personnages. Plusieurs spectacles de marionnettes furent donnés au domaine et de nombreuses pièces y furent jouées au cours du XIXe siècle. Afin d’éclairer l’atelier de son fils, George Sand fit pratiquer des ouvertures dans le toit et réceptionna des amis tels que Franz Liszt, Frédéric Chopin, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Alexandre Dumas fils et Eugène Delacroix, dont l’atelier se trouva un temps à Nohant. Elle est décédée dans la maison et repose dans le petit cimetière familial en lisière du jardin. Après la succession familiale le domaine resta la propriété des descendants jusqu’à ce qu’Aurore Lauth‑Sand en fasse donation à l’État en 1952 en conservant l’usufruit jusqu’à sa mort. Le château, l’ensemble du domaine avec son jardin, son cimetière, ses dépendances et les deux prés appelés Pré Pile et Pré des Clous ont alors été classés au titre des monuments historiques, et le parc de six hectares a été distingué au titre des jardins remarquables ; l’ensemble est géré par le Centre des monuments nationaux et ouvert au public. L’intérieur conserve en grande partie le décor et le mobilier hérités d’Aurore de Saxe et de l’époque de George Sand : pièces de réception, salons, chambres, ateliers et objets personnels qui restituent l’atmosphère de la maison. Le rez‑de‑chaussée montre la vie quotidienne avec une cuisine centrale, deux théâtres et une salle à manger décorée selon les choix de la romancière, tandis que le premier étage abrite les chambres, le cabinet de travail et la bibliothèque où George Sand écrivait et rassemblait ses collections naturalistes. Dans les combles, l’atelier de Maurice Sand conserve les décors du théâtre des adultes. Le parc mêle parterres à la française, parc boisé, étang, verger, potager et roseraie ; deux cèdres plantés à la naissance des enfants de George Sand, Maurice et Solange, sont classés arbres remarquables. Le petit cimetière familial, séparé du cimetière communal, protège les sépultures des membres de la famille et accueille la tombe de George Sand ainsi que d’autres membres de son entourage. Aujourd’hui le domaine fonctionne comme musée et lieu culturel : un auditorium, des expositions permanentes — notamment des marionnettes de Maurice Sand — et des espaces consacrés aux lectures et aux ateliers prolongent l’activité patrimoniale et artistique de Nohant. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, des manifestations musicales et littéraires s’y déroulent régulièrement, contribuant à faire vivre la mémoire de George Sand et l’identité du lieu.