Origine et histoire de La Maison de l'Aventure industrielle Usine du May
L'usine du May est une ancienne usine de coutellerie située dans la vallée des Usines à Thiers (Puy-de-Dôme). Édifiée vers 1895 par l'entreprise parisienne Grange Jeune J. Lepage successeur, elle illustre les constructions locatives employées par les entreprises familiales de la vallée. Installée dans le lit mineur de la Durolle entre les forges Mondière en amont et l'usine du Creux de l'enfer en aval, l'usine est accessible par deux passerelles qui surplombent la rivière. Une passerelle principale permet l'accès depuis l'Avenue Joseph-Claussat et un accès de secours dessert l'arrière du bâtiment. La turbine hydraulique, installée sous l'édifice, entraînait des arbres de transmission et des poulies traversant les ateliers via des courroies ; un moteur à gaz est attesté en 1899. L'intérieur est desservi par un escalier métallique et un monte-charge ; les planchers sont en voûtains de brique et poutres métalliques portés par des colonnes en fonte. Les ateliers, répartis sur plusieurs niveaux, étaient séparés par des cloisons en bois ou en brique creuse et s’organisaient autour d'une cage d'escalier en grande partie d'origine. Des restes de machines et du système hydraulique sont encore visibles aux étages inférieurs, et un sol vitré au rez-de-chaussée permet de les observer. La façade, de style industriel, associe granite et briques pour les ouvertures ; la toiture en terrasse est bordée d'un garde-corps en briques avec un appui en lave, et une petite tour protège la partie haute du monte-charge. Sur la façade figurent les inscriptions "Manufacture de rasoirs Saint-Joanis" et une ancienne enseigne portant la mention "Usine du May". L'implantation du site s'ancre dans une longue histoire d'utilisation de la force hydraulique de la Durolle, qui alimentait depuis le Moyen Âge moulins, foulons, martinets et meules nécessaires aux métiers de la vallée. Après le dépôt de bilan de Grange Jeune vers 1900, l'usine fut fragmentée en petits ateliers loués à des artisans et à de petites entreprises. Pour réduire la dépendance à la rivière, l'électrification a été adoptée au début du XXe siècle, permettant à l'usine de fonctionner comme une "usine complète". L'activité industrielle déclina au milieu du XXe siècle : les ateliers quittèrent progressivement la vallée pour les zones industrielles à partir des années 1950 et l'usine ferma définitivement dans les années 1960. La ville de Thiers acquit le bâtiment dans les années 1980 et, après un symposium de sculptures métalliques organisé en 1985 — au cours duquel l'artiste George Trakas a notamment réalisé le "Pont Épée" et des passerelles dans le lit de la Durolle — le projet de réhabilitation a pris forme au début des années 2000. Inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 2002, l'usine a été entièrement réhabilitée puis ouverte au public en 2009 pour accueillir la "Maison de l'Aventure Industrielle". La réhabilitation, réalisée pour un coût de 2,17 millions d'euros, a reçu le Ruban du Patrimoine en 2011. À partir de 2015, l'établissement a été reconverti en lieu d'expositions culturelles gratuites, géré par la mairie de Thiers, qui assure la programmation via deux adjoints chargés respectivement de la vallée des Usines, du patrimoine et du tourisme, et de la culture, de l'animation et de la communication. L'usine accueille des expositions temporaires, des résidences d'artistes et des événements ; la fréquentation, comprise entre 2 500 et 4 000 visiteurs depuis l'ouverture, est en hausse. Le site a inspiré des artistes et des auteurs : Mireille Fustier y a consacré des peintures en 2017, il est mentionné dans le roman La Ville noire de George Sand, et il a servi de décor au tournage partiel du clip "Là-haut" du groupe L'Impératrice en 2019.