Origine et histoire de la Maison de La Boétie
La maison de La Boétie, située au n°10 de la place du Peyrou à Sarlat‑la‑Canéda, à droite de l'entrée du Passage Henri de Segogne, présente une façade en pisé et pans de bois, une autre en pierre de taille, une toiture en lauze réparée en tuile mécanique et des fenêtres à meneaux. Elle a été construite par Antoine de La Boétie, lieutenant criminel de la sénéchaussée de Sarlat, entre 1520 et 1525. Étienne de La Boétie, l'ami de Michel de Montaigne, y est né le 1er novembre 1530. La façade sur la place du Peyrou adopte un vocabulaire de la Renaissance italienne mis à la mode par François Ier après les guerres d'Italie. Le plan reprend les dispositions traditionnelles des maisons patriciennes urbaines : un rez-de-chaussée pouvant être public ou destiné à une échoppe, un premier étage noble et un passage public qui ouvre sur une cour où s'implante une seconde maison perpendiculaire contenant un escalier. À l'intérieur, la demeure n'a conservé du décor d'origine qu'une cheminée Renaissance ; le toit de lauzes, les combles et les charpentes ont toutefois gardé leur authenticité. Dans la pièce dite « La chambre d'Étienne », le texte du Discours de la servitude volontaire est inscrit sur la totalité des murs dans une fresque réalisée par l'artiste Arno Fabre en mai 2010, dans le cadre d'une résidence. Classée au titre des monuments historiques en 1889, la maison a été restaurée en 1910 ; pour la façade sur la place du Peyrou, les architectes des Monuments historiques ont restitué la façade dans la forme qu'ils estimaient la plus achevée et les meneaux des fenêtres ont été refaits. En 2023, la maison a été retenue parmi les onze sites de Nouvelle‑Aquitaine éligibles au Loto du patrimoine et a reçu une aide de 170 000 euros de la Mission Patrimoine ; la restauration, estimée à 716 000 euros, doit commencer en septembre 2024 pour s'achever à l'été 2025. Les façades et les toitures de la maison au fond de la cour, donnant sur l'impasse des Violettes, ont été inscrites au titre des monuments historiques le 7 décembre 1970, puis une nouvelle inscription datée du 5 février 2025 a abrogé l'inscription précédente. La famille La Boétie, d'abord orthographiée Boyt, est une ancienne famille bourgeoise de Sarlat dont le nom apparaît dans des mémoires de 1204 et 1280 et qui est impliquée dans des querelles entre les abbés de Sarlat et les bourgeois représentés par les consuls. Le nom figure également dans une lettre de remerciement de la jurade adressée au pape Jean XXII après la création de l'évêché de Sarlat. En 1400, la famille apparaît dans des quittances pour une maison dite la Petite‑Borie‑des‑Places ; d'autres mentions concernent un pré appelé La Poulque et une terre qui en dépendait. En 1451, Guillaume Boyt acquiert le moulin du Clusel, voisin de la Cuze ; son fils Raymond épouse Hélène de Verdon. Le 31 décembre 1499, un acte entre Étienne de Magnanat, tuteur des enfants de Raymond Boyt, et les représentants de l'évêque porte sur les droits féodaux à payer ; les enfants sont Antoine, Étienne, Guantounet et Iolande. Dans un acte de vente du 20 novembre 1512, Antoine de La Boithie est qualifié de bachelier ès droits. La famille affectionnait les rentes ; Antoine en augmente sensiblement le nombre et est le premier à donner à son nom la forme La Boétie, tirée de la bastide appelée Boyt ou Boytia que son père avait fait bâtir près du moulin du Clusel. En 1529, Antoine se qualifie de seigneur du repaire de La Mothe‑les‑Sarlat et cherche, comme d'autres de ses contemporains, à conférer à sa terre bourgeoise des apparences nobiliaires. Il épouse Philippe de Calvimont, issue de la branche des Calvimont de l'Herm, paroisse de Tursac ; Philippe a deux frères, dont Jean de Calvimont, conseiller au parlement de Bordeaux nommé second président par François Ier et, en 1526, ambassadeur auprès de Charles Quint pour négocier la rançon de ses enfants, l'autre étant prêtre. Du mariage naissent Clémence, Anne et Étienne. Antoine de La Boétie vivait encore en 1540 ; il avait fait son testament en 1533 et serait probablement mort avant 1547, date généralement attribuée à la rédaction par Étienne du Discours de la servitude volontaire.
