Origine et histoire de la Maison de la Taverne
La maison du XIIIe siècle dite « Maison de la Taverne » est une habitation patricienne, ou maison‑tour, située au 21, rue de la République, au cœur de la vieille ville de Caussade (Tarn‑et‑Garonne), dans la partie nord proche de l'ancienne première enceinte. Choisie par Eugène Viollet‑le‑Duc pour illustrer les demeures médiévales du sud‑ouest dans son Dictionnaire raisonné, elle a été classée monument historique le 2 février 1925. L'édifice initial, isolé, comprend un rez‑de‑chaussée avec deux boutiques, trois étages habitables au‑dessus d'un niveau de caves, et sur chaque étage une unique grande salle dotée d'une cheminée monumentale. Des planchers anciens subsistent, leurs solives portant des traces d'un décor peint du XVIe siècle, et les étages sont desservis par un escalier à l'italienne daté du XVIe ou du XVIIe siècle. La construction est entièrement en briques, à l'exception des bandeaux, des colonnettes des baies et des sommiers des arcs, et la façade est couronnée d'un encorbellement de tuiles à canal, dit « génoise ». Quelques décennies après l'élévation du bâtiment principal, un second corps plus bas a été ajouté au nord, accolé à la façade postérieure et ne comportant que deux niveaux. Des travaux du XVe siècle ont transformé les ouvertures du premier étage sur rue par l'insertion de grandes croisées à double traverse ; ces aménagements semblent avoir été réalisés par la famille Missolières. Lors d'un projet d'aménagement en appartements en 2009, un diagnostic architectural et une étude archéologique ont précisé la chronologie et la structure du bâti. La datation dendrochronologique des poutres des plafonds du premier édifice a donné pour le plafond du premier étage l'automne‑hiver 1274‑1275, et pour le plafond du second étage les périodes automne‑hiver 1278‑1279 et 1281‑1282, ce qui permet de situer la construction avant 1281. L'adjonction du corps de logis arrière est datée d'avant le milieu du XIVe siècle d'après une frise d'écus. La maison a été appelée autrefois « Maison des Veuves » et porte aujourd'hui, pour des raisons inconnues, le nom de « La Taverne ». Des vestiges de peintures subsistent sur les plafonds des premier et deuxième étages ainsi que sur environ deux mètres carrés du mur nord de la grande salle du premier étage : les solives sont ornées d'entrelacs, de rosaces et de macarons peints en jaune d'or, et le mur nord conserve la représentation grandeur nature d'un personnage coiffé d'un bonnet phrygien et vêtu d'un surcot très ajusté, mi‑parti rouge et jaune ; seul le bras gauche est visible, portant un gros grelot cousu à la manche au niveau du coude, et des fragments d'inscriptions illisibles subsistent. Le plan du bâtiment initial est trapézoïdal, avec une largeur variant de 7,50 à 9,40 mètres, une longueur de 11 à 11,35 mètres et une hauteur de 16,10 mètres.