Origine et histoire de la Maison des Cariatides
La maison dite des Cariatides, située 4 rue du Guéodet à Quimper, appartient au centre ancien et fait partie des 72 maisons à pan de bois conservées dans le vieux Quimper. Ancienne taverne datée de la fin du XVIe siècle, elle abrite encore aujourd'hui un bar et un lieu de restauration. Classée au titre des monuments historiques le 19 octobre 1928, elle est surtout connue pour l'ornementation de sa façade. Au rez-de-chaussée, une porte est encadrée de deux grandes baies, anciennes boutiques séparées par des piles ornées de figures sculptées qui soutiennent l'encorbellement des étages en pans de bois. Le nom de l'édifice provient des haut-reliefs sculptés sur les chapiteaux : six profils en médaillons représentant des hommes et des femmes vêtus à la mode de la fin du XVIe siècle. Ces costumes présentent, selon Jean Marie Abgrall, pourpoints brodés et tailladés, manches bouffantes, cols découpés, coiffures à plumets, casques à couvre-nuque et turbans à plis abondants. Ce décor, inspiré des modèles antiques — mascarons et profils en médaillons — s'inscrit dans la mode de la Renaissance et contraste avec le caractère médiéval et simple de la structure en pans de bois. Il constitue un exemple tardif de sculptures en médaillons, un type qui tend à disparaître au XVIIe siècle. La maison a été édifiée dans la seconde moitié, voire la fin du XVIe siècle. Lors des grands travaux de restauration menés à Quimper dans les années 1920, l'enduit qui masquait la façade en pans de bois a été supprimé et les charpentes ont été restaurées et repeintes. L'établissement a longtemps fonctionné comme taverne et, pendant un temps, il fut tenu par les époux Chevillard, taverniers connus à Quimper durant la période de la Ligue. Sur le plan architectural, le bâtiment conserve un langage médiéval sobre : pignon sur rue, encorbellements et charpente dotée de croix de saint André. L'encorbellement, moins important à la Renaissance qu'aux époques antérieures, y joue davantage un rôle décoratif que structurel tout en situant l'édifice dans le courant du XVIe siècle par ses sculptures. La maison compte deux étages habitables et deux niveaux sous pente, et, malgré son décor sculpté, présente une apparence générale relativement dépouillée pour la fin du XVIe siècle.