Origine et histoire de la Maison des Templiers
La Maison Notre-Dame, dite aussi Maison des Templiers, est située à Douai dans le département du Nord. Elle a été fondée en 1155 par Thierry d'Alsace, comte de Flandre, et dotée notamment d'une charrue de terre à Sin-le-Noble ainsi que de rentes foncières sur les courtils du marais douaisien. La chapelle de la maison jouissait de grands privilèges, et en 1230 le concile de Soissons excommunia le comte de Flandre et le corps échevinal de Douai à la suite d'une plainte de la Chapelle des Templiers. En 1282, un combat opposa dans l'enclos de la maison Pierre de Douai et Jean de Wattines aux frères du Temple. En janvier 1291, Gui, comte de Flandre et marquis de Namur, ratifia une transaction entre les échevins de Douai et les frères concernant l'exercice de la justice haute et basse ainsi que le droit de pêche. Le 13 octobre 1307, les Templiers furent arrêtés et emprisonnés par le bailli de Douai et ses hommes, conformément aux ordres du pape Clément V. Le 18 octobre 1309, Jean de Marigny, prévôt de la Collégiale Saint-Amé, arrivé à Douai accompagné de l'évêque d'Arras Gérard Pilagoti, demanda que les prisonniers soient présentés au tribunal pour la lecture des lettres apostoliques. Parmi les frères de la milice du Temple présentés figuraient Pierre de Montigny (pays d'Artois), Jean de Waskchal (pays de Pévèle), Simon Godin (Cambrésis), Jean du Pont (Pays d'Ostreven), Melin Delpire (Tournaisis), tous de la maison Notre-Dame, ainsi qu'Henri Van Meerstrait de la maison de Bruges, Hugues de Coligny du comté de Bourgogne, Jean Piau et Jean Potin du Pays d'Artois, et Jacques le Félon, de la banlieue de Douai. Les Templiers sortirent de prison en mai 1309 et furent, selon les actes, mis à l'abri des tortures et du bûcher réservés à certains de leurs confrères. Le 2 mai 1312, le pape Clément V mit fin à l'ordre du Temple et dévolut ses biens à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui occupa la maison jusqu'à la Révolution française. En 1430 et 1432, Guillaume Caoursin, commandeur de l'ordre de Saint-Jean, intervint à l'occasion de nouvelles difficultés de juridiction ; il était probablement parent de l'autre Guillaume Caoursin, vice-chancelier de l'ordre. Au-dessus de la porte figurent les armoiries de François de la Rue, dernier commandeur de la commanderie de Cobrieux avant la Révolution. La maison du Temple fut vendue comme bien national lors de la Révolution et convertie en ferme. Dans les jardins fut construit un magasin à poudre par arrêté du 25 juin 1819 ; ce bâtiment fut achevé en mai 1821. En 1810, on découvrit dans la chapelle une pierre tumulaire de deux mètres sur un mètre portant l'effigie et l'inscription consacrées à frère Guillaume Caoursin, commandeur de Monddidier et de Dourges, sieur de Hautavaines, mort l'an 1455 le 24 août ; cette pierre, que certains supposent commémorer le parent ou l'ancêtre du vice-chancelier Guillaume Caoursin, est depuis 1810 déposée dans les jardins de la loge des francs-maçons de Douai. La maison Notre-Dame a été classée au titre des monuments historiques en 1928. Par ailleurs, une seconde maison du Temple à Douai, dite Maison de Saint-Samson de Constantinople, fut fondée vraisemblablement en 1218 par Garin ou Wérin, ancien chanoine de la Collégiale Saint-Amé et évêque de Thessalonique ; elle se trouvait dans l'actuelle rue Saint-Samson, près du pont Cachan, et demanda à rester sous la juridiction des échevins de Douai. Saint-Samson, rattachée ensuite à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, fut jointe à la commanderie de Laigneville par frère Martin de Garcez en 1598, et ses biens furent vendus par l'État en 1795.