Origine et histoire
La maison, dite aussi hôtel Bullioud, est un hôtel particulier situé rue Juiverie dans le 5e arrondissement de Lyon. Elle est surtout connue pour la galerie réalisée par Philibert Delorme à la suite de son voyage en Italie en 1536 ; son décor constitue l’une des premières expériences du style Renaissance en France. Au XVIe siècle, Antoine Bullioud, propriétaire de deux maisons donnant sur une cour, fit appel à Delorme pour construire entre elles des cabinets et des galeries de communication. Les galeries sont appuyées sur des trompes afin de ne pas empiéter sur le sol de la cour et sont décorées de formes inspirées de l’Antique : corniches, fenêtres encadrées de pilastres aux chapiteaux d’ordre ionique et frontons. La frise inférieure des tourelles reprend un vocabulaire ionique tel qu’on le percevait au début du XVIe siècle, avec une alternance de triglyphes, de bucranes et de motifs floraux. L’ensemble témoigne de l’influence de l’architecture italienne sur Delorme, tout en montrant une maîtrise encore inachevée de certains codes. La famille Bullioud, importante famille patricienne lyonnaise aux XVe et XVIe siècles, occupa des fonctions judiciaires et administratives et se distingua par son érudition. Parmi ses membres, Guillaume (1430-1498) fut lieutenant-général en la sénéchaussée et au siège présidial de Lyon et juge-mage ; Pierre Bullioud fut procureur du roi au siège présidial de Lyon, procureur général au parlement de Dombes en 1573, reçu docteur en droit et auteur d’ouvrages savants. Un autre Pierre (1588-1661) devint jésuite et rédigea un Lugdunum sacro-prophanum sur l’histoire religieuse de Lyon, et Antoine (1514-1570) fut trésorier général des Finances en Bretagne. L’accès à la traboule s’ouvre au 8 rue Juiverie : l’hôtel Bullioud et la galerie de Philibert Delorme se trouvent au fond de la cour. L’hôtel est classé au titre des monuments historiques en 1920. Les représentations iconographiques connues montrent la galerie et ses trompes, le puits, la tourelle nord sur trompe, la tourelle sud avec sa corniche d’inspiration ionique, un croquis de Basset de Jolimont réalisé avant 1832 et la cour. Des études consacrées à la galerie et à Philibert de L'Orme ont été publiées, notamment par Dominique Bonnet Saint Georges, Jean‑Marie Pérouse de Montclos, Yves Pauwels, ainsi que Giuseppe Iacono et Salvatore Ennio Furone.
